Après trente ans d'exil, Baio accepte de revenir en Guinée-Bissau à la demande de sa fille. Fatu tient à ce que son père l'accompagne le jour de son mariage. Elle va épouser Idrissa, célèbre chanteur des Supercamarimba. La cérémonie doit se dérouler à Tabatô, le village des griots, peuple de musiciens. Mais lorsque Baio retrouve les lieux de son passé, les souvenirs de la guerre d'indépendance remontent à la surface. Pour en finir avec la guerre et ses fantômes, Idrissa décide de mener une dernière bataille...
Titre original > A Batalha de Tabatô
Scénario et réalisation > João Viana
Avec > Fatu Djebaté, Mamadu Baio, Mutar Djebaté
Directeur de la photographie > Mario Miranda
Son > António Pedro Figueiredo, Mario Dias, Nuno Carvalho et Joaquim Pinto
Musique > Pedro Carneiro
Montage > Edgar Feldman
Producteur > João Viana
Production > Papaveronoir
Durée > 1h23
Année de production > 2013
Pays de production > Guinée-Bissau, Portugal
Langues > Mandinka et portugais sous-tiré français
Format image > 1.77
Format son >5.1
Support de projection > DCP, Blue-Ray
Distribution > Capricci Films
Sortie > 18 décembre 2013
Visa : 137750
Les projections de presse du film ont eu lieu en juillet 2013
Les exploitants peuvent demander un DVD de visionnement au distributeur ou à Soizig Le Dévéhat : contact@lacor.info ou 02 51 81 59 33
Christophe Cognet
et Aurélia Georges
Christophe Cognet, documentariste, auteur notamment de La beauté, l'art rescapé des camps nazis, et Aurélia Georges (l'Homme qui marche) sont deux réalisateurs de l'ACID (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion). Ils ont écrit un texte commun et donne des pistes de programmation
Pistes de programmation (films disponibles en DVD) :
Cet entretien s'est déroulé à Cannes en mai 2013, lors de la programmation du film à l'ACID.Etaient présents Julien Rejl, distributeur, Fabianny Deschamps et Aurélia Georges, réalisatrices, Catherine Bailhache, ACOR.
La transcription est de Marielle Millard (ACOR)
Ce texte est libre de droits.
Citation obligatoire : Entretien réalisé en mai 2013 par l'ACID, Capricci et l'ACOR - transcription : Marielle Millard (ACOR)
Morgan Pokée travaille au Katorza, cinéma d'art et essai de Nantes. Il est journaliste et écrit sur le cinéma.
Il est co-fondateur de Répliques, revue d'entretiens autour du cinéma, créée en 2012.
Il est notamment l'auteur de Coppola : portrait du temps en danseur paru dans l'ouvrage collectif Danse / Cinéma dirigé par Stéphane Bouquet ( Ed. Capricci et le CND).
Nous lui avons demandé d'écrire un texte sur le film de João Viana
Gilles Grand a rédigé un texte autour du film, Les Jeli de Guinée-Bissau.
Nous avons par ailleurs transcrit son intervention autour du film dans le cadre du Festival international du film de La Roche-sur-Yon, le dimanche 20 octobre 2013, lors des 3e Rencontres du cinéma indépendant proposées par l'ACOR, le FIF et le SDI [Transcription : Marielle Millard (ACOR)]
Compositeur de musique électronique, ingénieur du son et rédacteur sur le son au cinéma, Gilles Grand est né à Lyon en 1958, plus précisément le 25 septembre à Oullins. Il suit une formation instrumentale, puis en musicologie et en composition électroacoustique. Il enseigne en École d'art, tout d'abord à Montpellier, puis à Nice et actuellement, à l'École nationale supérieure des beaux arts de Lyon. Il s'étonne de l'informatique depuis 1982 et d'internet depuis 1995 où il dépose quelques musiques sans fin. Il élabore en ligne avec l'artiste Jacques Julien Escape to quit (1998) et Escape to quit II (2002). Il est rédacteur aux Cahiers du cinéma de 2004 à 2007. Lors du FID 2007, Festival International Du cinéma de Marseille, il conçoit à la demande de Jean-Pierre Rehm la programmation de l'écran parallèle Presto ! déployant vingt-deux films centrés sur le son ou la musique. Depuis 2010, il prolonge chaque année cette sélection de films avec les écrans parallèles Paroles et musique, Conversations secrètes, Les fils du son et Chœur.
Dans l'inoubliable Sans soleil, la Guinée Bissau était désignée comme « l'un des deux lieux de la survie », avec le Japon. Chris Marker nous la montrait à plusieurs reprises comme un lieu de l'extrême éloignement où, paradoxalement, se révélait avec la plus grande netteté l'état d'un monde, façonné par l'Occident (y compris par son cinéma) et en même temps en résistance obstinée contre un tel arraisonnement.
Le film de João Viana, La Bataille de Tabâto, revisite trente ans plus tard le même lieu, cette fois dans un rapport d'intime proximité dont ne saurait rendre compte la simple précision du cadre (l'action se concentre dans un village de griots mandingues, Tabâto), ni la trame apparente de l'histoire (Baio, un ancien soldat supplétif des troupes coloniales portugaises, rentre au pays pour le mariage de sa fille Fatu avec Idrissa, célèbre musicien de Tabâto). Le véritable récit est énoncé sur l'écran noir du début du film par la voix solennelle d'un griot : « Pendant que VOUS, barbares, faisiez la guerre, NOUS avons inventé l'agriculture, un mode de gouvernance équitable, et la musique moderne, le jazz, le blues et le reggae... » Toutes les perspectives sont renversées, non pas seulement entre l'Afrique et ses conquérants, mais entre l'Histoire des vainqueurs et un univers mythique plus secret et plus vrai, d'une tout autre portée spirituelle. Le moment colonial, dont le personnage de Baio est la cristallisation, sans être dissous, est situé dans un autre niveau de temporalité.
Tout cela s'exprime dans la forme même du film de João Viana et en particulier dans sa bande-son magnifique, qui intègre en une seule partition musicale la modulation des voix, les accords du balafon, de la kora et des autres instruments africains, le fracas fantasmé des armes, les bruits de la brousse, les cris des animaux...
Ce n'est pas un film sur les griots mais une œuvre de griot, déroutante, difficile d'accès sans doute, mais qui mérite d'être vécue comme expérience d'initiation.
Antoine Glémain
Texte écrit pour l'ACID