2, Fatu, une femme accompagne son père, Baió, en retour d'exil après la guerre pour lui présenter son futur mari, Idrissa, lors d'une cérémonie devant avoir lieu au village des griots, Tabatô. 3, Baió, le père, emprunte toujours un autre chemin, il condense cette épopée, il vibre d'un air, d'une musique titrée : guerre.
La guerre n'est pas un secret. C'est une déflagration, une détonation, un accident, un coup, un coup d'Etat, si fréquent en Guinée-Bissau nous dit-on en voix off, “ce qui arrive” nous dirait encore Paul Virilio, ce qui ne peut s'entendre dans son excès de surprise, nous avait prévenu Pierre Schaeffer. L'air-guerre ne s'écoute pas, il se prend en direct en pleine tête, il n'est pas un jeu car celui-ci serait cruel, il doit être absorbé tel un objet indigeste dont on ne peut pas se défaire ; Baió traine de tels objets et sait les faire tinter. Il encombre. Il embarrasse. Cela sature tout d'un vermillon uniforme.
La guerre-musique stagne dans notre imaginaire. Elle a été coupé au montage. Elle est dans le pli du film, entre ses deux lancements à la radio, d'abord à la station R. C. B., Radio Communautaire de Bafatá, ensuite, depuis l'autoradio du 4x4 lors de la sortie de route, par deux fois sèchement interrompus.
L'écoute proposée par Pedro Carneiro, compositeur-percussionniste, Mamadou Baio, griot-protagoniste interprétant Idrissa, et João Viana, chef d'orchestre du film, commence dans la discrétion des gouttes de pluie troublées par les insectes nocturnes enfin ponctuées par un lourd tonnerre justement en retard face aux éclairs. D'autres insectes prennent le relais dans une nuit cette fois poussiéreuse pour laisser les stries des cymbales se substituer aux moteurs des motocyclettes.