Marina Déak en 2017 © DR
Marina Déak a étudié la philosophie, le chinois et les sciences politiques, elle écrit, réalise et joue. Elle travaille, en documentaire et en fiction, sur des formes qui excèdent les conventions, pour défaire les préconçus, ouvrir des espaces inédits, interroger notre place au monde. Ou, pour le dire autrement : pour construire des histoires actuelles où le spectateur pense, et voyage, et s'amuse.
❝ Rétrospectivement, je me rends compte que la question que j'avais fondamentalement envie de poser à travers ce film, dans chacune de ses trois parties mais surtout dans leur rapprochement, est : « comment être libre ? » J'ai compris après coup que cette question du « logement » était le moyen de traverser concrètement cette question, dont le logement est un point d'incarnation dans nos sociétés modernes. ❞
❝ Habiter n’est pas un verbe neutre. Habiter excède la donnée préfectorale ou la simple occupation d’un volume enclos. Habiter est une notion qualitative. Pour peu qu’on ait le choix, on n’habite pas n’importe où. Voyez les visiteurs de la partie 1 s’avancer à pas lents dans les maisons vides. Regardez-les observer, toucher, scruter murs et plafonds, ouvrir un placard, jauger une vue, s’enquérir de l’exposition, vérifier les interrupteurs. Ce n’est pas qu’ils réfléchissent, c’est qu’ils se testent. Ils s’éprouvent dans cet espace. Tachent d’éprouver si leurs corps s’y plait, s’y plairait, s’y plaira. Si ça lui convient. ❞
❝ Sans idéaliser un mode de vie qui a son lot d’inconfort et de précarité, Marina Déak, en donnant pour finir (et pour finir le film) la parole à des êtres fragiles ou cabossés par la vie, et en montrant toute leur fierté de s’épauler les uns les autres et de rester debout malgré tout, semble plaider pour une forme d’utopie communautaire, plaidoyer amené, mais aussi mis en contexte et en perspective par les deux premiers temps du film. ❞
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❝ « Le cinéma reste fréquentable humainement, c’est un truc d’habitat. On peut habiter le cinéma » disait Serge Daney, peu de temps avant sa mort, dans un entretien avec Philippe Roux en 1992. Si on te donne un château, tu le prends ?, le nouveau film de Marina Déak, attendu depuis Poursuite, son premier long métrage (2010), invite particulièrement à souscrire à cette belle définition. Littéralement même puisqu’il s’empare d’une question qui concerne tout le monde sans toutefois faire l’objet d’une fréquente prise en charge par le cinéma : qu’est-ce qu’habiter un endroit à soi, non dans le sens d’un bien à posséder mais d’une adéquation à soi-même ? De quel choix, de quelle décision, de quelles circonstances surtout, cela procède-t-il ? A quel idéal faire correspondre le toit sous lequel vivre désormais ? ❞
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