La tentation est grande d’appréhender le cinéma grec actuel comme une nouvelle vague, nourrie en souterrain par la crise.
La tentation est grande d’appréhender le cinéma grec actuel comme une nouvelle vague, nourrie en souterrain par la crise. D’Athina Rachel Tsangari (Attenberg) à Babis Makridis (L, inédit pour le moment dans les salles françaises), en passant pas Yorgos Lanthimos, les principaux intéressés réfutent l’appartenance à un quelconque mouvement, malgré quelques noms en commun (Aris Servelatis promène sa moustache dans Alps et L, Ariane Labed sa silhouette menue dans Attenberg et Alps), encore moins si celui-ci doit être motivé par la seule volonté de rendre compte de la déliquescence du pays. Et pourtant. Tous ces films partagent une même vision : celle d’un monde aride, totalement à l’arrêt, où la fixité du cadre s’impose comme la norme (c’est vrai pour Lanthimos, mais plus encore pour Makridis), où la parole se retrouve mise en échec, où l’absurdité règne, mais en apparence seulement. Un monde en crise, tout simplement, voire même en phase terminale de longue maladie, en tous cas incapable d’opérer la mue indispensable à sa survie.