La vraie raison du dynamisme cinématographique grec, c’est l’afflux d’argent dans la publicité il y a dix ans
Pendant longtemps, le seul réalisateur grec qui existait aux yeux de la critique était Theo Angelopoulos. Maintenant, il y a notamment Athina Rachel Tsangari (Attenberg, sorti en France en 2011), Babis Makridis (L, encore inédit dans les salles françaises, sélectionné au Festival de Bordeaux 2012) et vous. Qu’est-ce qui a changé ?
Les temps ont changé. C’est une autre génération. Nous avons fini par comprendre que nous pouvions faire des films avec de faibles moyens, peu voire pas d’argent du tout, en grande partie grâce à l’aide d’amis. Des gens de plus en plus jeunes se sont alors mis à faire des films. Le boum qu’a connu la publicité grecque, il y a dix ans, a aussi joué un rôle important. Il a permis aux nouveaux réalisateurs de faire leurs armes et de gagner de l’argent pour l’investir ensuite dans leurs propres films. À cette époque, il était possible de passer six mois à réaliser des spots publicitaires, et de gagner suffisamment pour ne pas travailler ensuite pendant un an et se consacrer à son propre film, avec ses amis. Tout le monde me parle tout le temps de la crise financière et du fait que celle-ci encourage la créativité. Je pense que son rôle est minime, et que la vraie raison du dynamisme cinématographique grec est même à l’opposé : c’est l’afflux d’argent dans la publicité qui en est en partie à l’origine.