(4) L’île de Sri Lanka a eu différentes appellations au cours de l’histoire. Sous l’Antiquité, elle est connue sous le nom local de Tambapanni, que les Occidentaux transformèrent en Taprobane, en la confondant parfois avec Sumatra. L’île fut aussi assimilée par les hindouistes indiens à la Lanka de l’épopée du Ramayana. Dans les langues dravidiennes du sud de l’Inde, Lanka se transforma en Ilankai ou Eelam. Mais le terme qui s’imposa plus couramment dans les textes bouddhiques et dans l’usage médiéval fut Sinhala Dipa, l’île de la dynastie Sinhala (c’est-à-dire cinghalaise, ayant le lion – sinha/singh – pour emblème). Ce nom fut changé en Serendib par les voyageurs arabes, dont les Portugais tirèrent Ceilao, les Français Ceylan et les Anglais Ceylon. Le pays est devenu officiellement Sri Lanka depuis l’adoption d’une constitution républicaine en 1972, le préfixe ajoutant une connotation de vénération. Pourtant plusieurs anciens noms sont toujours utilisés par certaines communautés : les Tamouls, par exemple, utilisent indifféremment Sri Lanka, Ceylon ou encore Ilankai pour parler de leur île. Mais Eelam renvoie aujourd’hui dans l’imaginaire collectif à l’État indépendant que les séparatistes tamouls rêvent de créer, réunissant le Nord et l’Est qui sont considérés comme leur foyer de peuplement historique dans l’île.

Les démons qui agitent Sri Lanka, par Anthony Goreau-Ponceaud © ACOR, 2018