- Yossi (Ha-sippur shel Yossi)
- Yossi vu par Ceci dit (au bas mot)
- Revue de presse
- 2e Rencontres du cinéma indépendant
Yossi (Ha-sippur shel Yossi)
Ce que nous montre Yossi, c'est ni plus ni moins qu'un moment très précis de la vie d'un homme. Celui où enfin il trouve dans le regard d'un autre un écho à ses rêve d'abandon, de recommencement.
Yossi
(Ha-sippur shel Yossi)
de Eytan Fox | Israël | 2012 | 1h44 | distribution : Bodega Films | avec Ohad Knoller, Lior Ashkenazi,Orly Silbersatz, Oz Zehavi | | Festival | | sortie nationale : 2 janvier 2013 | Yossi vit seul sa trentaine à Tel aviv, assumant mal sa sexualité, trouvant dans son métier de cardiologue un échappatoire à ses déboires amoureux. Lors d’un voyage dans le sud du pays, il rencontre un groupe de jeunes militaires et, parmi eux, un jeune homme qui lui fait retrouver le goût de vivre. |
Yossi vu par Ceci dit (au bas mot)
L'émotion qui accompagne Yossi n'a d'égale que la modestie du projet... par Sidy Sakho, fondateur et rédacteur du blog critique Ceci dit (au bas mot)
L'émotion qui accompagne la vision de Yossi n'a d'égale que la modestie du projet. Soit le suivi de quelques jours de la vie du personnage éponyme, cardiologue de trente-quatre ans ayant du mal à vivre son homosexualité au grand jour. Eytan Fox ne travaillera, tout au long du film, qu'à observer au fil des scènes un homme confronté à sa propre vérité. Mais pour cela, pour que se réalise vraiment ce cheminement intérieur, il aura fallu installer au préalable une situation propice à enclencher ce mouvement. Et quoi de mieux que le retour d'une figure du passé pour muer le quotidien banal d'un personnage en territoire du doute, de la fiction la plus franche ?
Ainsi, c'est lorsque Varda, une patiente qui semble le reconnaître, vient se faire consulter qu'est très tôt lancée la première action de Yossi : tout juste après les au-revoir, le doc fonce dans le parking souterrain de l'hôpital, démarre sa voiture en vitesse pour proposer à cette probable connaissance de la raccompagner. Pendant le trajet, alors que Varda montre à Yossi une photo de son fils, Lior, tué à la guerre dix ans plus tôt, lui demande son âge, les potentialités vont bon train : Yossi serait-il ce fameux fils ? Serait-il frappé d'amnésie ? Varda prêche-t-elle le faux pour... ? Bref : est-ce à un mélodrame de la filiation que nous avons affaire ?
Mais les choses s’avéreront plus compliquées, ou au contraire beaucoup plus simples. Si Yossi a été interpellé par cette femme, c'est parce qu'effectivement, il a connu son fils durant la guerre du Liban, l'a vu mourir, qu'ils ont même partagé beaucoup plus que les armes ! En outant le défunt à ses parents, le médecin ouvre moins le récit à de nouvelles pistes autour de ce passé trop longtemps refoulé qu'il ne clôt un chapitre. Yossi, le film, ne sera qu'un temps seulement la fiction de ce passé recomposé. Il ne peut y avoir progression de l’histoire qu'à la condition que Yossi, l'homme, le personnage, grand solitaire, grand frustré, grand complexé d'un corps qu'il ne montre jamais, déchargé du poids de cet amour de jeunesse, revive enfin une histoire au présent, se réincarne, désire quelque chose de vivant.
C'est bien là que se situe la modestie du film : dans sa foi toute simple dans l'aptitude d'un personnage à en rencontrer d'autres, partager le plan avec de l'inconnu, des inconnus (de jeunes soldats chambreurs rencontrés à une terrasse), un inconnu (Tom, l'un de ces soldats, comme lui amateur de Mahler, de toute évidence « de son bord »). On le sait, l'homosexualité est le sujet du cinéma d'Eytan Fox, ce Yossi étant par ailleurs la suite de Yossi et Jagger (2002), qui mettait en scène ladite histoire d'amour de Yossi et Lior. Mais il serait dommage de limiter son travail à cette caractéristique, l'homosexualité se donnant chez lui comme une chose au fond presque anecdotique, une parcelle seulement de l'identité des personnages. Dans ce dernier film, par exemple, les plus belles scènes ne sont clairement pas celles faisant du refoulé de Yossi une douleur (soupçons de ses collègues, réaction épidermique des parents de Lior) mais au contraire celles où ne se joue rien d'autre que l'universel du désir.
La deuxième partie du film, succédant donc à l'outing post-mortem de Lior, est celle où se dessinent le mieux les enjeux de la fiction. Au contact des jeunes et beaux soldats, Yossi revit bien sûr quelque chose de son passé, mais c'est lorsque les scènes se resserrent davantage autour de son attirance pour le seul Tom que se dessine de loin en loin un très subtil suspense amoureux. A quel moment l'hypothèse (la possible homosexualité du jeune homme) devient une évidence ? Leur feeling immédiat est-il révélateur d'un désir réciproque ? Et si oui, Yossi, qui jusqu’ici enchaînait les coups d'un soir un peu foireux, saura-t-il se laisser prendre à nouveau au jeu de l'amour ?
La beauté du film est pour grande part inhérente à cette lisibilité de la situation. La mise en scène très sobre, assez invisible de Fox est, comme dans ses précédents films, moins significative d'une absence de regard sur son sujet que d'une confiance dans son potentiel d'incarnation par le détail. Yossi surprend d'ailleurs par sa relative légèreté, au vu de la dimension volontiers mélodramatique de son sujet (l'acceptation de soi, le poids de la société pesant sur chaque trajectoire de vie). Car là où le point de départ du film – de l'irruption de Varda dans la vie du héros à la révélation de la vérité de Lior – se rapproche surtout de la problématisation du sujet « homosexualité », on se surprend plus d'une fois à sourire, sinon plus, devant le jeu de cache-cache en hôtel de Yossi et son futur amant.
On pourrait certes reprocher au film de se conclure de manière un peu trop sereine, trop idéale. N'y-a-t-il finalement pas une certaine naïveté dans ce happy end, cet accomplissement d'un amour n'ayant pas longtemps fait mystère ? Mais on préférera parler d'utopie, de foi absolue du cinéaste comme de ses personnages dans le potentiel de la fiction d’enfin faire-fi de la vraisemblance. Ce que montre Yossi, le film, c'est ni plus ni moins qu'un moment très précis de la vie d'un homme. Celui où enfin il trouve dans le regard d'un autre un écho à ses rêves d'abandon, de recommencement, sous la bénédiction sans doute de son amour perdu. Nul exemplarité ici, mais, et c'est ce qui touche autant, une magie toute singulière, celle des sentiments, les vrais. |
A l'occasion de sa rencontre avec les critiques invités à intervenir lors du débat Serge Daney, 20 ans après : la critique sur internet organisé lors du festival international du film de La Roche-sur-Yon(FIF 85), l'ACOR a demandé à ces derniers de voir les quatre films sélectionnés dans le cadre des 2 e rencontres du cinéma indépendant qui s'y déroulent parallèlement. Chacun d'entre eux a écrit un texte sur un ou plusieurs de ces films, selon son choix.
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Revue de presse
par Garspard Granaud |article complet ici [...] Eytan Fox retrouve le personnage de Yossi, héros blessé de son film Yossi et Jagger. Dix ans après avoir perdu son grand amour. [...] C’est une histoire calme et souvent silencieuse sur la solitude. [...] Quand on est blessé, pas facile de retrouver sa place dans le monde. [...] La première partie du long-métrage nous fait plonger dans le quotidien fait de souffrances rentrées et de non-dits du personnage principal. Tout contact apparaît comme difficile, hostile. Les choses changent quand Yossi part pour le Sinaï et croise une bande de jeunes militaires. Déjà cette bande de garçons insouciants, complices, lui rappelle le temps où lui-même était dans l’armée, où il était uni à ses camarades. Et, surtout, dans cette bande se trouve Tom, jeune éphèbe qui attire instantanément l’attention du médecin dévasté, qui lui fait à nouveau briller les yeux, lui donne envie de revivre. [...] Maîtrisé dans la forme, élégante, disposant d’un parfum d’entre-deux, passant avec brio de l’ombre à la lumière, Yossi est un film terriblement attachant, plein d’humanité. L’histoire vibrante et émouvante d’une nécessaire reconstruction. |
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2e Rencontres du cinéma indépendant
FIF 85 ; La Roche-sur-Yon du cinéma indépendant
4 films inédits
soutenus par l'ACOR
Ces films ont été choisis
par le FIF 85 et l'ACOR
parmi des films proposés par le SDI
Composition du jury
Antoine Glémain, le Vox à Mayenne • ACOR
Emmanuel Burdeau • FIF 85
Rebecca Depas • FIF 85
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Samedi 20 octobre
2012
au théâtre
La Roche-sur-Yon
L
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11h00
en présence de Emmanuel Atlan, distributeur
l'Etudiant
de Darezhan Ormibaev
| Kazakhstan | 2012 | 1H30 |
| avec Nurlan Baitasov, Maya Serikbayeva, EdigeBolysbayev, Bakhytzhan Turdaliyeva | | distribution : Les Acacaias | sortie prévue : 1e semestre 2013 |
Ce film est inspiré du roman de Dostoïevski Crime et châtiment. L'action se dféroule au Kazakhstan de nos jours.
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en présence de Laurent Aléonard, distributeur
Ini Avan
d'Azija Handagama
| Sri Lanka | 2012 | 1h44 |
| avec Dharshen Dharmaraj, Subashini Blasubramaniyam,
Sranjani Shanmugaraja, Raja Ganeshan | | soutenu par l'ACID | | distribution : Heliotrope films | sortie prévue : 1e semestre 2013 |
Deux ans après la fin de la guerre au Sri Lanka, un ex-combattant tamoul retourne dans son village. Il y retrouve la femme qu’il a aimée, et entreprend de revenir à une existence normale. Mais les haines du passé ressurgissent.
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19h00
en présence de Marie Vachette, distributrice
Alps
de Giorgos Lanthimos
| Grèce | 2012 | 1h33 |
| avec Aggeliki Papoulia, Ariane Labed, Aris Servetalis |
| distribution : A3 distribution | sortie prévue : 27 mars 2013 |
Une société secrète appelée "Alps" propose de remplacer des personnes décédées par des comédiens.
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22h15
en présence de Jean-Pierre Gardelli, distributeur
Yossi
de Eytan Fox
| Israël | 2012 | 1h23 |
| avec Ohad Knoller, Lior Ashkenazi, Orly Silbersatz, Oz Zehavii |
| Un certain regard Cannes 2011 |
| distribution : Bodega | sortie prévue : 1e trimestre 2013 |
Yossi vit seul sa trentaine à Tel Aviv, assumant mal sa sexualité, trouvant dans son métier de cardiologue un échappatoire à ses déboires amoureux. Lors d’un voyage dans le sud du pays, il rencontre un groupe de jeunes militaires et, parmi eux, un jeune homme qui lui fait retrouver le goût de vivre.
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Après une première édition très encourageante, le festival international du film de La Roche-sur-Yon, le SDI et l’ACOR – Association des cinémas de l’ouest pour la recherche ont décidé de poursuivre en 2012 l’«aventure» des Rencontres du cinéma indépendant, avec la même ambition : faire découvrir des œuvres d’auteurs inédites, issues des lignes éditoriales des membres du Syndicat des distributeurs indépendants (SDI), qui ne bénéficient pas de la notoriété préalable des films art et essai médiatisés. Les tensions commerciales sont de plus en plus violentes sur le marché, au détriment des films les plus fragiles. L’accélération de la «rotation» des films programmés s’effectue au détriment de ces œuvres, qui ne disposent plus du temps nécessaire pour rencontrer leurs spectateurs, risquant de conduire à leur disparition. Or dans le secteur cinématographique, contrairement à la règle industrielle habituelle, la fonction «recherche et développement» n’est pas assurée par les groupes dominants. Le renouvellement de l’offre de films (accompagnement de nouveaux cinéastes, découverte des cinématographies peu diffusées, réédition des oeuvres du patrimoine cinématographique, ...) repose exclusivement sur les distributeurs indépendants, qui font office de «têtes chercheuses». Ils en avancent les «frais d’édition» (promotion et tirage des copies), assumant seuls les risques d’un éventuel échec. C’est une démarche souvent ingrate puisque, si un auteur ou une cinématographie sont reconnus, leurs films seront ensuite proposés à des sociétés disposant de moyens financiers supérieurs, sans que ceux qui les ont fait découvrir puissent rivaliser ni recueillir les bénéfices de ce succès ultérieur. Afin d’être reconnus et d’avoir une chance de déclencher le «bouche à oreille» favorable qui leur donnera accès à un nombre significatif d’écrans, ces films doivent pouvoir être vus par le maximum de programmateurs des salles, de journalistes et de spectateurs cinéphiles. Les festivals à la ligne éditoriale exigeante, comme celui de La Roche-sur-Yon, sont des plates-formes idéales. Un jury composé de Antoine Glémain – exploitant du Vox à Mayenne / salle ACOR –, de Yannick Reix, Emmanuel Burdeau et Rebecca De Pas – équipe du festival de La Roche sur Yon – a accepté de sélectionner quatre films de qualité venant d’horizons géographiques très divers : Alps de Yorgos Lanthimos (Grèce) (distribution : A3 Distribution) Ini Avan(Him, here after) de Asoka Handagama (Sri Lanka) (distribution : Heliotrope Films) L’Etudiant de Darezhan Omirbaev (Kazakhstan) (distribution : Acacias) Yossi de Eytan FOX (Israël) (distribution : Bodega Films).
Ils seront présentés au public du festival par leurs distributeurs, en présence de diverses personnalités du cinéma chaque fois que cela sera possible.
Vincent Paul Boncour et Etienne Ollagnier, présidents du SDI - Syndicat des distributeurs indépendants
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