- L'Etudiant (The student)
- L'étudiant vu par Ceci dit (au bas mot)
- L'étudiant vu par Débordements
- Revue de presse
- 2e Rencontres du cinéma indépendant
L'Etudiant (The student)
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La grâce de l'Etudiant tient autant dans la reconnaissance littéraire que l'installation sans faille de scènes et de plans aussi composés que dénués d'arrogance.
L'Etudiant
(The Student)
de Darezhan Omirbaev | Kazakhstan | 2012 | 1h30 | distribution : Les Acacias | avec Nurlan Baitasov, Maya Serikbayeva, Edige Bolysbayev, Bakhytzhan Turdaliyeva | Festival de Cannes 2012 - Un certain regard | | sortie nationale : 1e semestre 2013 | Dans ce film inspiré du roman de Dostoïevski Crime et châtiment, l’action se déroule au Kazakhstan de nos jours. Un étudiant en philosophie souffre du manque d’argent et de solitude. Il va parfois acheter du pain chez l’épicier et peu à peu l’idée de cambrioler le magasin lui vient à l’esprit. Il commet finalement son crime durant lequel l’épicier et une cliente deviennent ses victimes. Le sentiment de culpabilité grandit en lui. Alors qu’il tombe amoureux d’une jeune fille, il prend la responsabilité de ses actes. |
L'étudiant vu par Ceci dit (au bas mot)
Le crime est-il rien moins qu'une composante parmi d'autres du système ? par Sidy Sakho, fondateur et rédacteur du blog critique Ceci dit (au bas mot)
Libre adaptation de Crime et Châtiment, le sixième long-métrage de Darezhan Ormibaev bénéficie déjà de la force inépuisable de son référent, la question de la culpabilité, de la torture qui ronge tout individu ayant commis l'irréparable restant à peu près intemporelle. Ainsi suit-on la mésaventure de l'étudiant titre, des causes supposées aux conséquences plus ou moins directes de son acte (le meurtre volontaire d'un épicier, associé à celui, disons moins prémédité, d'une cliente malchanceuse) porté par le confort d'une origine romanesque de toute manière identifiable, par les lecteurs de Crime et Châtiment comme par les autres. Du Raskolnikov de Dostoïevski à l'antihéros d'Ormibaev, on peut aussi bien relever les connivences (étudiants pauvres, travaillés par la question de la condition humaine, souffrant du peu de présence de leur mère...) que les menues divergences (l’Étudiant tue ici davantage pour l'argent lui-même qu'à des fins ouvertement existentielles, la jeune fille aux yeux de laquelle il trouve son salut n'est pas une prostituée...). Mais cette lecture comparative soumet aussi, sur la durée, au risque de ne rien dire de la force propre du film.
Ormibaev, dont les tout premiers films (Kardiogramma, Kaïrat...) firent grand effet il y a une petite quinzaine d'années, par leur esthétique minimaliste proche du burlesque, mais au service de contes cruels de la jeunesse, connut après La route (2001) une petite traversée du désert, un réel déficit d'exposition. Perte de vue assez difficile à expliquer sinon peut-être par la mue progressive d'une curiosité du public international, des sélectionneurs de festivals, en relative indifférence face à un certain systématisme. Après le beau Chouga (2007), son adaptation inattendue d'Anna Karénine, Student pourrait bien marquer un regain de visibilité et d'intérêt pour un cinéma requérant avant tout une pleine adhésion à la dimension la plus stricte, la plus épurée de ce que l'on peut nommer « mise en scène ». La grâce de Student tient autant dans la reconnaissance du référent littéraire que l'installation sans faille de scènes et de plans aussi composés que dénués d'arrogance, aucunement surchargés. Peu de films semblent autant à l'écoute des moindres hésitations et divagations d'un personnage. Les actes de l’Étudiant, qu'ils soient criminels ou de repentir, ne sont pas présentés comme de simples faits avérés, mais les produits d'une infinité de questionnements.
Comme chaque film d'Ormibaev, celui-ci se veut le terrain de la situation au travail, où rien ne se dessine mieux que le cheminement conduisant son antihéros à se lever ou non le matin, sortir ou non de sa chambre, charger ou non son pistolet, acheter du pain ou... exécuter sa proie. Au vrai, dostoievskien, son cinéma l'est par essence, de manière quasi chimique, toute scène de chaque film apparaissant comme la somme d'un juste partage entre mise à plat d'à peu près chaque motif (corps, espace, gestes...) et soulignement des aspérités. Ce dernier film se voit donc autant qu'il se lit, se décrypte. Rêves, vues de l'esprit et quotidien le plus égal, le plus plat cohabitent en toute sérénité, l'urgence n'étant pas précisément la caractéristique première de l'esthétique d'Ormibaev. Le surplace fait plus que jamais loi dans ce Kazakhstan de 2011 où personne ne feint d'ignorer la présence de la crise dans le moindre pli de la société. Le jeune homme, avant de commettre son acte irréparable, n'est après tout au départ qu'un étudiant en philosophie écoutant avec plus ou moins d'attention les discours pro ou anticapitalistes – d'une limpidité en tout cas glaçante – de ses profs. Peut-être alors qu'en effet tout est joué depuis longtemps. Peut-être, dans le monde qui est le leur (le nôtre?), le crime est-il rien moins qu'une composante parmi d'autres du système.
En ce sens, la première séquence du film est peut-être la plus saisissante, nous montrant un jeune homme se faire casser la figure dans les toilettes d'un plateau de tournage après avoir renversé par accident une tasse de thé brûlant sur la robe d'une starlette. Si, comme dans le reste du film, la violence reste hors champ, on observe l'équipe du film – où figure notre héros – écouter la scène avec autant d'angoisse que de curiosité bête, avant de se précipiter d'un même élan pour observer les dégâts après le départ des bourreaux. Ouverture étrange, à la fois drôle et glaçante, donnant le ton de ce qui ne sera précisément que cela : la grande scène d'une banalité des rapports de force. C'est l'aspect le plus ouvertement politique de Student, mais aussi le plus terrible : il n'est jamais temps de s'insurger, d'empêcher le pire d'advenir puisque de toute manière, on nous le répète partout, l'individualisme est le propre de l'Homme. Jusque dans sa passivité (même lorsqu'il agit, le garçon semble subir le poids du monde, de ses propres gestes), l’Étudiant est le symptôme d'une crise de l'action, une pure et simple fin de partie n'ayant pas attendu sa folie pour être comme naturellement diagnostiquée.
Ce surplace, cette résignation spécifiques du cinéma de Darezhan Ormibaev, associés à la trame existentialiste du roman de Dostoïevski, font de Student un film certes profondément désespéré, mais dont la constante proximité de la mise en scène et des affects atténuent malgré tout considérablement la noirceur. Car s'il est bien une chose que l'on ne peut nier aux films du Kazakh, c'est un art consommé de l'exploitation du potentiel poétique de l'espace, la température, la saison. En même temps que son personnage s'enfonce, se rend compte de l'impasse lui tenant lieu de destin, de réguliers décrochages oniriques (un léger ralenti, le surgissement improbable d'une figure plus ou moins familière...) font décoller le plan, respirer le récit jusqu'au bout. C'est pour ce sens de la distraction qu'un cinéaste comme Ormibaev n'a jamais cessé de figurer parmi les plus instinctifs et mystérieux du cinéma contemporain. |
A l'occasion de sa rencontre avec les critiques invités à intervenir lors du débat Serge Daney, 20 ans après : la critique sur internet organisé lors du festival international du film de La Roche-sur-Yon(FIF 85), l'ACOR a demandé à ces derniers de voir les quatre films sélectionnés dans le cadre des 2e rencontres du cinéma indépendant qui s'y déroulent parallèlement. Chacun d'entre eux a écrit un texte sur un ou plusieurs de ces films, selon son choix.
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L'étudiant vu par Débordements
L'un des enjeux éthiques de la mise en scène de l'Étudiant est de filmer la violence sans y participer ni jouir de ses effets. par Raphaël Nieuwjaer, rédacteur de la revue Débordements
Contrairement au Pickpocket de Robert Bresson, par lequel il est hanté, l'Etudiant se donne dès son générique comme une adaptation du Crime et châtiment de Dostoievski. L'histoire, chacun la connait, est celle d'un jeune homme sans le sou qui commet un meurtre « gratuit ». Comme chez l'écrivain, la question morale est profondément liée à un contexte social et historique, celui du développement du capitalisme. Ancienne république socialiste, le Kazakhstan connaît depuis quelques années un fort développement économique, créant des écarts de richesse aberrants. À l'ombre des nouvelles tours de verre et d'acier pousse donc le ressentiment de l'étudiant, confronté à la violence et à l'arrogance des nouveaux riches. Cela est assez limpide, il n'est pas nécessaire d'y insister. Darejan Omirbaev, dans cette description des rapports de classe, retrouve la ligne claire d'Aki Kaurismaki, autre cinéaste marqué par Bresson. Au pouvoir de l'économie, ils opposent une économie de moyens narratifs, dont la principale force est de défaire par le découpage et le montage les enchaînements trop sûrs entre cause et conséquence. L'action est ainsi à la fois contrariée et mise à nu. La violence, sensible, échappe alors au spectacle – l'arme des riches et des puissants étant précisément de faire de leur violence un spectacle pour l'édification de tous. Le prologue a ainsi une fonction programmatique, figurant la manière dont le film va penser le rapport entre violence, image et argent. Une jeune femme, habillée d'une robe rouge, un bouquet de fleurs jaunes à la main, sourit à la caméra, ses cheveux ondulant dans un vent artificiel. Image publicitaire, aux couleurs criardes, figée dans le cliché. Nous assistons en réalité à un tournage, qui pour quelques minutes s'interrompt. Tandis que tout le monde s'active (surtout à contempler l'actrice), le réalisateur, joué par Omirbaev lui-même, répond aux questions d'une journaliste. Celle-ci l'accuse d'emblée de ne pas se préoccuper des soucis réels de la jeunesse. Il répond que le cinéma est une affaire de divertissement, de rêverie sans rapport avec le quotidien. Puis (mais les connecteurs logiques sont impropres à rendre le morcellement des plans, qui se raccordent difficilement), un assistant enamouré renverse du thé sur la robe de l'actrice. Après un coup de fil, deux gardes du corps descendent du 4X4 de son compagnon pour passer à tabac le garçon. La violence, maintenue hors-champ, résonne sur les visages des membres de l'équipe, dont « l'étudiant ». Avec ironie mais pas forcément subtilité, Omirbaev énonce ce que son film sera et ne sera pas, distinguant les « bonnes » des « mauvaises » images. Les mauvaises sont celles qui produisent un modèle aliénant par lequel le pouvoir s'affirme, plaçant leurs spectateurs en position d'admirateurs désireux d'appartenir à un univers qui se fonde sur leur rejet. La première séquence, en montrant les rapports de l'équipe à la « star », ne fait qu'actualiser cet aspect déjà présent dans le plan d'ouverture de la jeune femme. Plus généralement, ces images portent en elles le discours de la violence sur laquelle s'établit la société capitaliste, définie lors d'une leçon à laquelle assiste l'étudiant comme une forme sociale de darwinisme. Les bonnes images sont au contraire celles qui défont la logique du plus fort, et ouvrent un espace à ceux qui la subissent et y résistent. Passive souvent, cette résistance est néanmoins une manière de faire face à la violence et de faire corps dans la représentation. S'affirme alors, comme chez Kaurismaki, une irréductible dignité. Hélas, il y a peut-être déjà là les germes d'un schématisme qui va parcourir tout le film. Ce rôle de vecteur de la « mauvaise image » sera tenu avec une insistance pesante par la télévision. Gros oeil amorphe, elle déverse sans discontinuer à des spectateurs eux-mêmes pas bien vifs le discours social (animaux se faisant dévorer par des lions, cette image étant déjà donnée lors d'un cours d'économie). Dans le salon de la logeuse de l'étudiant, un berger allemand en faïence règne même sur le poste. Fallait-il être si insistant, et redoubler des discours déjà très explicites par une illustration visuelle un peu plate ? Mais là où Omirbaev échoue vraiment, c'est lorsqu'il se confronte à la fameuse mort du cheval, qui dans le roman rend fou Raskolnikov. L'un des enjeux éthiques de la mise en scène de L'étudiant est de filmer la violence sans y participer ni jouir de ses effets. Pour cela, il ne la fait figurer que par des regards capables de la renvoyer dans un champ commun, champ sur lequel tout le monde peut avoir prise. Omirbaev ne lui abandonne pas l'image, ne la laisse pas geler à son profit les rapports de domination. L'éthique n'est pas tant dans ce qu'il faudrait ou non montrer que dans les relations nouées entre les plans, les regards, les corps. Sauf, précisément, dans cette séquence où le film tombe dans l'impasse du symbole, de l'image figée contre laquelle on ne peut rien. Parenthèse dans le récit, la séquence montre un âne tentant de sortir d'un vague ruisseau boueux un 4X4. N'y parvenant pas, l'âne est frappé à mort par le conducteur à l'aide d'un club de golf. Même s'il maintient l'importance du son et du hors-champ, le film se trouve ici dépassé par l'évidence symbolique de son « image ». De cela, il n'y a rien à dire, rien à partager. Il suffit de constater et d'approuver le message du réalisateur. La gratuité de la situation (le véhicule repart sans encombres une fois l'âne tué...) accable plus encore Omirbaev. Il a obtenu lui aussi sa belle, incontestable et consensuelle image de violence, reproduisant à son tour la violence de l'image dominante contre laquelle son film s'était construit. Pas étonnant qu'un enfant, au milieu des villageois assistant à la scène, détourne le regard en se plongeant dans la robe de sa mère. Le film ne s'arrête pas là, mais il est difficile de lui prêter encore notre regard. |
A l'occasion de sa rencontre avec les critiques invités à intervenir lors du débat Serge Daney, 20 ans après : la critique sur internet organisé lors du festival international du film de La Roche-sur-Yon(FIF 85), l'ACOR a demandé à ces derniers de voir les quatre films sélectionnés dans le cadre des 2e rencontres du cinéma indépendant qui s'y déroulent parallèlement. Chacun d'entre eux a écrit un texte sur un ou plusieurs de ces films, selon son choix.
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Revue de presse
Âme. Avec The student, Darejan Omirbaev transporte Dostoïevski au Kazakhstan. par Olivier Séguret | article complet ici Le cinéma de Darejan Omirbaev, apparu avec l’inoubliable Kairat, se reconnaît en quelques plans : une figure systématique de jeune homme solitaire, une rigueur scénographique bressonienne, des cadres qui sont le plus souvent des portraits, un léger parfum de Nouvelle Vague dans les situations et leur traitement, et un très bel art de la durée. Défi. The Student [...] ne déroge pas à ces critères [...] Depuis une vingtaine d’années, le cinéaste et ses films sont les meilleurs témoins de l’implacable transformation de ce pays, dont les mœurs anciennes et civilisées s’adaptent difficilement à la férocité de l’économie libérale qui le gouverne désormais. [...] La qualité unique du cinéma de Darejan Omirbaev tient d’abord à son code génétique : à la fois asiatique et européen, mixte étrange et rare, qui conjugue réellement sous nos yeux des corps et des façons d’être, de penser et de regarder que l’on sait provenir de sources disparates, ici unifiées dans le cours calme d’un fleuve mitoyen. Spasmes. S’ajoutent les propres dons du cinéaste, notamment son écriture si particulière : à quelques endroits du film, Omirbaev fait revenir la figure d’un mafieux impassible saisi par des spasmes de brutalité gratuite inouïs. [...] La question que nous pose un tel film est simple mais embarrassante : comment, dans les conditions impitoyablement matérialistes qui sont celles où l’on nous ordonne de vivre, contenir la guerre impérieuse que nos pulsions engagent contre notre raison ? A en juger par The Student, Darejan Omirbaev craint que la réponse ne soit dans la question.
L'étudiant : les désillusions d'un Raskolnikov kazakh par Jacques Mandelbaum | article complet ici Voici vingt ans que le réalisateur kazakh Darezhan Omirbayev livre au cinéma son étrange et impérieuse vision du monde. Dans le même temps, son œuvre offre une chronique impitoyable de la société kazakhe depuis l’implosion du bloc soviétique et la conquête de son indépendance. Il le fait à la manière d’un professeur de mathématiques appliquées s’apercevant un jour que son goût des images est plus fort que celui pour les chiffres, et que son Dieu ne s’appelle pas Evariste Galois mais Robert Bresson. Le résultat de ce retournement consiste en une œuvre aussi minimaliste que les films qui la composent : six longs-métrages seulement en vingt ans de carrière, depuis Kairat en 1991. Compensation notoire : chaque film, par sa finesse épurée, son sens plastique, son profond humanisme, est un bonheur à découvrir. [...] Son nouveau film, L’Etudiant, ne fait pas exception, transposant dans le Almaty contemporain la trame de Crime et châtiment.[...] Le Raskolnikov kazakh, plus apaisé et moins grandiose que son modèle russe, est un jeune et timide étudiant en philosophie qui peine à joindre les deux bouts, et que le spectacle d’une litanie d’injustices va pousser dans ses ultimes retranchements. [...] Humour discret. Ni cette conception du cinéma ni cette vision du monde ne conviennent à Omirbayev, et pas davantage à son héros à la triste figure. [...] Deux événements concomitants vont dès lors geler son destin. Le troc de la médaille militaire de son grand-père contre un flingue par une nuit épaisse, et la rencontre éblouie de la fille, sourde muette, avec un poète sans le sou. Autant dire que l’acier du pétard et les yeux de velours scellent le sort de l’étudiant sous les doubles auspices du crime et de la rédemption. [...] Cet appel à la renaissance et à un monde meilleur est d’autant plus bouleversant que Darezhan Omirbayev, qui vient de perdre sa femme, n’aura pas eu la force de monter sur scène pour présenter son film. Donner l’occasion au public de manifester sa reconnaissance à un cinéaste d’une telle dignité est l’une des vertus les plus secrètes du Festival de Cannes.
par Mathieu Macheret | article complet ici Après son adaptation d'Anna Karénine (Chouga), Omirbayev poursuit sa transposition dans le Kazakhstan moderne des classiques de la littérature russe.[...] Le résultat, sorte d'épure bressonienne s'en tenant aux plus essentielles puissances du cinématographe, est saisissant. [...] Omirbayev mène son récit sur un fil tendu du premier au dernier plan. Isolant les gestes, les actes, les trajets et les assemble en un flux à la fois limpide et imparable, où chaque coupe se mesure au strict nécessaire, où chaque son se distingue par une étonnante présence matérielle, le cinéaste kazakh tire un parti maximal des plus basiques outils de mise en scène : montage, changements d'axe, hors-champ, ellipses et quelques travellings, summum de son luxe. C'est vraiment un combat avec le matériau cinéma [...] pour atteindre au cœur de sa pureté expressive. Plus le film avance et plus il tourne au ballet élémentaire, où les objets circulent de main en main, billets de banque ou révolver – comment ne pas penser à L'Argent ou Pickpocket ? On pourrait facilement le taxer de simplisme, tant certaines de ses représentations du libéralisme ambiant se présentent frontalement, sans aucune réserve. Mais l'essentiel n'est pas là : si Omirbayev s'appuie sur la société kazakh, c'est moins pour en capter une image fidèle que pour en abstraire un enfer du partage qui touche à l'universel, à la condition humaine. [...]
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2e Rencontres du cinéma indépendant
FIF 85 ; La Roche-sur-Yon du cinéma indépendant
4 films inédits
soutenus par l'ACOR
Ces films ont été choisis
par le FIF 85 et l'ACOR
parmi des films proposés par le SDI
Composition du jury
Antoine Glémain, le Vox à Mayenne • ACOR
Emmanuel Burdeau • FIF 85
Rebecca Depas • FIF 85
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Samedi 20 octobre
2012
au théâtre
La Roche-sur-Yon
L
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11h00
en présence de Emmanuel Atlan, distributeur
l'Etudiant
de Darezhan Ormibaev
| Kazakhstan | 2012 | 1H30 |
| avec Nurlan Baitasov, Maya Serikbayeva, EdigeBolysbayev, Bakhytzhan Turdaliyeva | | distribution : Les Acacaias | sortie prévue : 1e semestre 2013 |
Ce film est inspiré du roman de Dostoïevski Crime et châtiment. L'action se dféroule au Kazakhstan de nos jours.
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en présence de Laurent Aléonard, distributeur
Ini Avan
d'Azija Handagama
| Sri Lanka | 2012 | 1h44 |
| avec Dharshen Dharmaraj, Subashini Blasubramaniyam,
Sranjani Shanmugaraja, Raja Ganeshan | | soutenu par l'ACID | | distribution : Heliotrope films | sortie prévue : 1e semestre 2013 |
Deux ans après la fin de la guerre au Sri Lanka, un ex-combattant tamoul retourne dans son village. Il y retrouve la femme qu’il a aimée, et entreprend de revenir à une existence normale. Mais les haines du passé ressurgissent.
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19h00
en présence de Marie Vachette, distributrice
Alps
de Giorgos Lanthimos
| Grèce | 2012 | 1h33 |
| avec Aggeliki Papoulia, Ariane Labed, Aris Servetalis |
| distribution : A3 distribution | sortie prévue : 27 mars 2013 |
Une société secrète appelée "Alps" propose de remplacer des personnes décédées par des comédiens.
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22h15
en présence de Jean-Pierre Gardelli, distributeur
Yossi
de Eytan Fox
| Israël | 2012 | 1h23 |
| avec Ohad Knoller, Lior Ashkenazi, Orly Silbersatz, Oz Zehavii |
| Un certain regard Cannes 2011 |
| distribution : Bodega | sortie prévue : 1e trimestre 2013 |
Yossi vit seul sa trentaine à Tel Aviv, assumant mal sa sexualité, trouvant dans son métier de cardiologue un échappatoire à ses déboires amoureux. Lors d’un voyage dans le sud du pays, il rencontre un groupe de jeunes militaires et, parmi eux, un jeune homme qui lui fait retrouver le goût de vivre.
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Après une première édition très encourageante, le festival international du film de La Roche-sur-Yon, le SDI et l’ACOR – Association des cinémas de l’ouest pour la recherche ont décidé de poursuivre en 2012 l’«aventure» des Rencontres du cinéma indépendant, avec la même ambition : faire découvrir des œuvres d’auteurs inédites, issues des lignes éditoriales des membres du Syndicat des distributeurs indépendants (SDI), qui ne bénéficient pas de la notoriété préalable des films art et essai médiatisés. Les tensions commerciales sont de plus en plus violentes sur le marché, au détriment des films les plus fragiles. L’accélération de la «rotation» des films programmés s’effectue au détriment de ces œuvres, qui ne disposent plus du temps nécessaire pour rencontrer leurs spectateurs, risquant de conduire à leur disparition. Or dans le secteur cinématographique, contrairement à la règle industrielle habituelle, la fonction «recherche et développement» n’est pas assurée par les groupes dominants. Le renouvellement de l’offre de films (accompagnement de nouveaux cinéastes, découverte des cinématographies peu diffusées, réédition des oeuvres du patrimoine cinématographique, ...) repose exclusivement sur les distributeurs indépendants, qui font office de «têtes chercheuses». Ils en avancent les «frais d’édition» (promotion et tirage des copies), assumant seuls les risques d’un éventuel échec. C’est une démarche souvent ingrate puisque, si un auteur ou une cinématographie sont reconnus, leurs films seront ensuite proposés à des sociétés disposant de moyens financiers supérieurs, sans que ceux qui les ont fait découvrir puissent rivaliser ni recueillir les bénéfices de ce succès ultérieur. Afin d’être reconnus et d’avoir une chance de déclencher le «bouche à oreille» favorable qui leur donnera accès à un nombre significatif d’écrans, ces films doivent pouvoir être vus par le maximum de programmateurs des salles, de journalistes et de spectateurs cinéphiles. Les festivals à la ligne éditoriale exigeante, comme celui de La Roche-sur-Yon, sont des plates-formes idéales. Un jury composé de Antoine Glémain – exploitant du Vox à Mayenne / salle ACOR –, de Yannick Reix, Emmanuel Burdeau et Rebecca De Pas – équipe du festival de La Roche sur Yon – a accepté de sélectionner quatre films de qualité venant d’horizons géographiques très divers : Alps de Yorgos Lanthimos (Grèce) (distribution : A3 Distribution) Ini Avan(Him, here after) de Asoka Handagama (Sri Lanka) (distribution : Heliotrope Films) L’Etudiant de Darezhan Omirbaev (Kazakhstan) (distribution : Acacias) Yossi de Eytan FOX (Israël) (distribution : Bodega Films).
Ils seront présentés au public du festival par leurs distributeurs, en présence de diverses personnalités du cinéma chaque fois que cela sera possible.
Vincent Paul Boncour et Etienne Ollagnier, présidents du SDI - Syndicat des distributeurs indépendants
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