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Ini Avan (Him, Here After)
Comment recommencer sa vie alors quand on est spectre au milieu des spectres ? À un autre niveau : comment faire fiction quand celle-ci s'échappe sans cesse dans le puits sans fond du passé ?
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Ini Avan
(Him, Here After) d'Asoka Handagama | Sri Lanka | 2012 | 1h44 | distribution : Héliotrope | avec Dharshen Dharmaraj, Subashini Balasubramaniyam, Niranjani Shanmugaraja, Raja Ganeshan | Festival de Cannes (Programmation ACID), France, 16-27 mai 2012 • Jeonju International Film Festival, Corée du Sud, mai 2012 • Edinburgh International Film Festival, Ecosse, 20 juin-1er juillet 2012 • Toronto International Film Festival (Contemporary World Cinema), Canada, 6-16 septembre 2012 • Filmfest Hamburg, Allemagne, 27 septembre-6 octobre 2012 Lieux et dates de projection • Festival International du Film de La Roche sur Yon (2e Rencontres professionnelles, en partenariat avec le SDI et l'ACOR), France, 17-23 octobre 2012 • Tokyo International Film Festival (Winds of Asia - Middle East), Japon, 20-28 octobre 2012 • Stockholm International Film Festival (Asian Images), Suède, 7-18 novembre 2012 • Festival du Film de Sarlat, France, 13-17 novembre 2012 • Hanoi International Film Festival, Vietnam, 25-29 novembre 2012 | | sortie nationale : 10 juillet 2013 |
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Deux ans après la fin de la guerre au Sri Lanka, un ex-combattant tamoul retourne dans son village. Il y retrouve la femme qu'il a aimée, et entreprend de revenir à une existance normale. Mais les haines du passé resurgissent. |
Revue de presse
par Julien Wagner | article complet ici [...] Ini Avan est un film rare car peu de longs-métrages sri-lankais parviennent dans nos contrées, témoignages d’une guerre civile peu cicatrisée qui continue de hanter tout un pays. Un drame qui touche au cœur par l’interprétation réaliste des comédiens, Dharshen Dharmaraj en tête, dans le difficile rôle d’un homme destitué jusqu’à son nom, qui lutte pour s’en sortir et qui choit pourtant dans chaque piège. Tout en se relevant, toujours plus fort. Une leçon de courage et d’humanité.
Réalisateur sri-lankais connu pour son audace à dénoncer les difficultés économiques et les clivages culturels d’un pays déchiré par la guerre, Asoka Handagama a déjà réalisé six longs-métrages. [...] Son septième film, Ini Avan, décrit avec délicatesse le malaise d’un temps de paix, quand le traumatisme d’un vain conflit imprègne et corrompt toujours les relations sociales. [...] Il y montre la paupérisation d’une classe moyenne et la misère endémique des plus fragiles (vieillards, veuves) dans une ville meurtrie par l’usure et l’amertume d’un combat perdu. La simplicité des boutiques et des maisons, le bruit ronronnant de la ville, l’étendue de la campagne aride construisent l’authenticité d’une fiction où des personnages sans nom cherchent à reconstruire leur identité. [...] La composition de plans très graphiques concrétise les contraintes physiques et psychologiques imposées aux personnages. [...] Quand la caméra se déplace en travelling, c’est toujours pour isoler un personnage, le tenir à distance, le ramener à une souffrance solitaire. Entre rugosité des attitudes et sophistication de l’image, Asoka Handagama travaille le malaise de relations humaines à reconstruire totalement sur les ruines d’un carnage aussi psychologique que matériel. Il montre aussi avec simplicité la corruption rampante d’une société toujours fragilisée par les clivages ethniques et affaiblie par une activité économique au ralenti. [...] Ini Avan décrit l’enlisement physique et moral d’une population réduite à l’inactivité sans pour autant flirter avec le misérabilisme. Au contraire, Asoka Handagama porte une attention extrême à la beauté plastique. [...] Aucune phrase n’est superflue et les personnages prennent la parole uniquement lorsque leur regard ou leur corps ne peuvent signifier leurs émotions. Mais le film ne se perd jamais dans une lenteur excessive. Les silences, éloquents et mesurés, permettent de dire la sensibilité des relations humaines. [...] Asoka Handagama développe en fait un discours politique et social par le biais d’un récit sentimental et lyrique, où il construit une empathie croissante pour un homme dont le corps massif et le regard triste hantent presque chaque plan. La rencontre d’une rescapée sri-lankaise, que l’homme cherche à protéger de souffrances nouvelles, permet de signifier l’égalité de tous face aux traumatismes de la guerre avec simplicité et sans démagogie. De cette complicité inattendue, émerge aussi un humour surprenant. Les rires couvrant l’immensité d’un paysage au ciel azur concluent le film sur une légère note d’espoir.
Texte de soutien par Frédéric Ramade, cinéaste | article ici Un homme, seul, rentre chez lui. C’est un ancien cadre des Tigres de libération de l’Îlam Tamoul, le mouvement de guérilla qui a sévi au Sri Lanka pendant trente ans. Face à lui le silence, puis la colère de villageois marqués par les enrôlements forcés et les ponctions financières des séparatistes. Ils n’entendent pas laisser ce « revenant » en paix. Pas plus que les habitants de la ville toute proche où l’homme cherche un travail qu’on lui refuse. Le « tigre qui revient » est la mauvaise conscience de l’Îlam Tamoul. Celui qui, en s’obstinant à vivre, questionne l’utopie séparatiste et ouvre les plaies encore vives d’un pays composite où cohabitent tamouls, singhalais et musulmans. Avançant à tâtons dans la touffeur humide de sa nouvelle vie civile, l’homme se débat pour échapper aux fantômes qui surgissent à chacun de ses faux pas, avec une douceur et une patiente obstination qui contrastent avec son physique massif.
Texte de soutien par Daisy Lamothe, cinéaste | article ici Faut-il connaître l’histoire du Sri Lanka pour entrer dans l’univers filmique d’Asoka Handagama ? Peut-on rattacher Ini Avan à un genre, et celui qui vient tout de suite à l’esprit, le genre Bollywood, avec chansons et situations mélodramatiques à la chaîne ? C’est évidemment les questions que l’on peut se poser dans les premières minutes du film. Mais passé le mariage forcé de lapremière jeune femme et de sa vie avec l’ancien chef rebelle, le récit s’installe ailleurs. A plans presque arrêtés, cadrés avec rigueur, le cinéaste nous impose le rythme lent d’une société d’après guerre qui oscille entre désillusion et illusion de renouveau par les trafics mafieux. Le révélateur du film, la pierre angulaire qui fait basculer le récit vers une nouvelle liberté, même si celle-ci est semée d’embûches, c’est l’arrivée de la femme du gardien limogé. A la fois forte et mutine, elle se glisse dans les plans, s’impose au point que l’on ne voit plus qu’elle. Elle tourne le dos à la victimisation, affronte la vie avec cran, obligeant notre héros à réagir et à ouvrir un peu plus les yeux sur les dégâts d’une société qui a perdu ses repères économiques et moraux. J’aime l’idée de cette jeune femme filmée en bord de plan, en arrière plan et qui fait exploser le cadre par sa détermination. Si le cinéma a une géographie, sa force vient lorsqu’il franchit les frontières pour aborder l’intime de notre humanité. Et Ini Avan produit ce moment de grâce avec ces quelques plans qui restent gravés dans notre mémoire, plaçant Asoka Handagama comme un cinéaste de notre temps.
Banquier le jour, cinéaste la nuit par Clarisse Fabre | article complet ici S’il animait un séminaire intitulé « la fabrique du cinéma », nul doute qu’Asoka Handagama remplirait les salles. [...] Pas d’angoisse, ses films sortent en salles, du moins à l’étranger : le gouvernement sri-lankais ne goûte guère son œuvre sulfureuse et lui met parfois des bâtons dans les roues. Dans sa « vie parallèle », l’homme occupe un poste de directeur de la communication à la Banque centrale du Sri Lanka. Ses tournages sont toujours circonscrits à ses périodes de congés - « vingt jours maximum ». Bien sûr, concède-t-il, c’est « parfois perturbant », cette double casquette d’artiste et de dirigeant d’une institution tellement inscrite dans le libéralisme économique, mais, ajoute-t-il aussitôt, « Je ne suis pas déconnecté de l’économie, et je n’enchaîne pas les films à la télévision pour survivre. » Soit. [...] Subtil . Ini Avan, c’est l’impossible retour à la vie normale d’un soldat tamoul qui rentre au village, à l’issue de la guerre civile qui a duré une trentaine d’années (1983-2009), et généré « plus de 100 000 morts », comme ne manque jamais de le rappeler le cinéaste sri-lankais. [...] L’arrivée d’Asoka Handagama dans le paysage cinématographique a suscité un petit séisme. En 2001, les deux frères ennemis de la critique, Les Cahiers du cinéma et la revue Positif, avec respectivement à l’époque à Charles Tesson et Michel Ciment, tombaient d’accord pour saluer This Is My Moon, petit bijou expérimental.« Je suis devenu distributeur pour lui », confie Laurent Aléonard, fondateur d’Héliotrope Films. [...] L’infatigable filmeur est l’un des rares cinéastes engagés au Sri Lanka. Toute la filmographie d’Asoka Handagama appuie là où ça fait mal, et la société sri-lankaise le lui rend bien, entre polémiques, attaques en justice et procès d’intention.Flying with One Wing (2002) est tiré d’un fait divers qui avait défrayé la chronique au début des années 1990 : une femme vit et travaille sous l’apparence d’un homme pour échapper aux servitudes sociales. A Letter of Fire (2005) a été censuré par le gouvernement : le film affronte des tabous sociaux, et l’un de ses personnages, une femme incestueuse, est magistrate.Une pétition de soutien au cinéaste avait alors circulé, signée notamment par Lester James Peries, vétéran du cinéma sri-lankais. Asoka Handagama a besoin des festivals pour défendre son œuvre. Il peut compter dessus : la liste de ceux qui l’ont accueilli occupe quatre pages format A4. |
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Le réalisateur
Biofilmographie de Asoka Handagama
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Les débuts d'un artiste autodidacte et engagé Asoka Handagama le reconnaît volontiers : s’il a choisi une formation scientifique, c’est surtout pour le temps libre que ses études (et ses professeurs) lui accordaient : étudiant doueé, il ne participe guère aux cours, ne travaille que pour préparer les examens, et obtient neéanmoins d’excellents résultats. Dès son entrée à l’université (en 1982), il se consacre essentiellement à des activités artistiques : à l’image de son grand père paternel, instituteur et agriculteur, il écrit et monte des pièces de théâtre, participe à des conférences et réunions de jeunes artistes. Il se signale également par son engagement politique, ses prises de position en faveur de la paix tout au long du conflit qui secoue Sri Lanka à partir du début des années 80. Il est l’auteur de nombreux articles de politique économique, ainsi que de courtes nouvelles mais aussi d’études en anthropologie, domaine qui le passionne. Asoka Handagama est venu au cinéma par l’intermédiaire du théâtre et de la télévision. Ses deux premières pièces qu’il met lui-même en scène, "Bhoomika" (1985), et "Thunder" (1987) traitent la question des conflits ethniques à Sri Lanka : le succès critique est immédiat, les qualités de l’écriture et de la mise en scène sont récompensées par des prix. En 1989, il écrit et met en scène une troisième pièce, intitulée "Magatha", ce qui signifie en pali : « Ne tuez pas ! ». Ce titre fait référence au règne du roi Elara, souverain juste et respectueux de la loi ancestrale interdisant de « tuer les bœufs » des paysans. A la fin des années 80, Sri Lanka est transformé en champ de bataille, la pièce aborde le conflit de manière frontale, alors que la jeunesse sri lankaise s’interroge sur le pouvoir suprême de l’Etat, comme garant de la citoyenneté de chacun mais aussi comme oppresseur. La pièce transpose le thème historique au contexte politique de l’époque et soulève la controverse en mettant en cause le système judiciaire du pays. "Magatha" est joué partout à Sri Lanka, tant dans les théâtres que dans des ateliers, des usines et dans les campagnes. En dépit des polémiques qu’elle suscite, la pièce remporte le prix de l’écriture et de la meilleure mise en scène au Festival National d’Art Dramatique la même année. L’originalité du style et des thèmes traités par Asoka Handagama s’exprime également dans ses réalisations pour la télévision. "Dunhidda Addara" ("Au bord des chutes de Dunhidda"), son premier feuilleton, remporte d’ailleurs de nombreux prix, dont celui du meilleur scénario et de la meilleure mise en scène, en 1994. Ses réalisations suivantes, "Diyaketa Pahana" tout comme "Synthetic Sihina", rompent délibérément avec les codes du téléfilm, en tentant d’aborder les problèmes politiques de Sri Lanka par une approche que le réalisateur qualifie de « post-moderniste ». L’affirmation d’un style et le refus des compromis : "Moon Lady" et "Moon Hunt" C’est cette approche que Asoka Handagama va radicaliser dans sa première œuvre pour le cinéma, "Chanda Kinnarie" ("Moon Lady"), qu’il tourne en 1992. Remarqué pour l’hyperréalisme de son style, le film accumule les prix de la critique en 1994, puis du Festival National du Cinéma en 1998 (meilleur film, meilleur metteur en scène, meilleur scénario), mais reste inédit à ce jour hors de Sri Lanka. Sa formation de mathématicien et d’économiste va désormais jouer un rôle déterminant dans l’évolution des thèmes que Asoka Handagama aborde, mais aussi des techniques qu’il utilise et de ses choix stylistiques. Conscient de sa responsabilité d’artiste, témoin des conflits sociaux et culturels qui bouleversent son pays, le cinéaste va s’employer à transformer les multiples contraintes économiques et techniques du quotidien en autant de ressources pour explorer de nouvelles voies dans le langage cinématographique. Le refus des compromis lui vaut de nombreuses difficultés dans la poursuite de sa carrière et, parfois, l’incompréhension. Ainsi, lorsqu’il fait appel, pour son second film "Moon Hunt" (1996), à Akira Takada, collaborateur d’Akira Kurosawa, certains de ses pairs le critiquent vivement pour son choix d’un directeur photo venant de l’étranger. Asoka Handagama persiste, convaincu que l’expertise de Takada est indispensable à l’atmosphère nocturne du film. Le succès de "Moon Hunt" rend justice à sa persévérance : le film remporte 6 prix de la critique au Festival du cinéma Sri Lankais en 2000 (meilleur film, mise en scène, scénario, interprétation masculine, interprétation féminine, photo). Les premiers pas vers la reconnaissance internationale : "This is my Moon" Enfin 2001 est l’année de "This is my Moon" ("Me Mage Sandai"), film dans lequel l’intégrité du cinéaste et la plénitude de son style s’expriment librement dans l’évocation douloureuse du conflit ethnique qui continue à ravager le pays. Usant du canevas d’un mélodrame, le film décrit l’étrange histoire d’amour entre une jeune femme tamoule et le soldat gouvernemental qui l’a violée alors qu’elle tentait de fuir les combats. Le couple doit affronter l’hostilité et la jalousie des villageois. Faute de producteur, Asoka Handagama et sa collaboratrice Iranthi Abeysinghe créent une petite structure, Be-Positive, qui leur permet de financer la production de "This is my Moon", tourné en 18 jours au Nord de Sri Lanka. Mais ne pouvant payer le tirage que de deux copies 35 mm, le cinéaste et sa productrice doivent renoncer à une distribution commerciale, et parcourent Sri Lanka pendant plusieurs mois, louant des salles pour y projeter le film et débattre avec le public. Le portrait d’un moine bouddhiste concupiscent et le choix d’un héros négatif, le soldat déserteur, suscitent une violente polémique qui se poursuit pendant plus d’un an dans la presse sri lankaise. Après quelques contacts infructueux, le film est pour la première fois présenté à l’étranger au Festival du Film de Londres, en novembre 2000, dans la section « Cinéma expérimental ». La presse, notamment la BBC, s’en fait immédiatement l’écho, et l’unique copie sous-titrée en anglais va alors circuler pendant plus d’un an dans une trentaine de festivals internationaux. Il y multiplie les prix (à Singapour, Jeonju, Delhi, Houston, Bangkok), avant d’être présenté en France au Festival d’Automne à Paris (en octobre 2001), ainsi qu’au Festival d’Amiens et au Festival des 3 Continents de Nantes. Les premières réactions de la presse française sont très élogieuses : "This is my Moon est une splendeur, aux accents imprévisibles et envoûtants. Rares sont les découvertes de cette ampleur" (Charles Tesson, Les Cahiers du Cinéma, juillet-août 2001). "Un sens de l’ellipse et de l’espace off remarquable" (Michel Ciment, Positif, novembre 2001). "Un cinéaste inspiré par Sergio Leone et les stylistes du muet" (Jean-Michel Frodon, Le Monde, novembre 2001). Les droits du film sont acquis par Héliotrope Films, qui le sort à Paris et en province sur 6 copies, le 24 octobre 2002, consacrant "This is my Moon" comme le premier film sri lankais ayant fait l’objet d’une distribution commerciale en France. Controverses et censure : "Flying with one Wing" Entre-temps, Asoka Handagama se lance dans la réalisation de son quatrième long métrage, "Flying with one Wing" ("Tani Tatuwen Piyabanna"), inspiré d’un fait divers qui avait défrayé la chronique à Sri Lanka à la fin des années 90 : le cas d’une femme vivant et travaillant sous l’apparence d’un homme afin d’échapper aux servitudes sociales. Avec ce film, Asoka Handagama aborde de manière encore plus frontale des thématiques sociales, en empruntant les canons du cinéma populaire consommé par le milieu social qu’il décrit, et au risque de dérouter le public occidental par l’apparente naïveté de la démonstration et la rugosité du style. Toutefois, ce n’est pas le fait divers qui intéresse le cinéaste (lors de la préparation du film, celui-ci n’a d’ailleurs pas cherché à rencontrer les protagonistes de l’histoire, à l’exception du médecin), mais le choc ressenti à la lecture des comptes-rendus à sensation parus dans la presse sri lankaise. Le film est pour le cinéaste la « conceptualisation » d’une émotion face à l’hypocrisie et à la violence sociale dont a été victime cette femme, émotion qu’il choisit d’exprimer en se focalisant, par le biais de la désynchronisation des dialogues et de l’image, sur les réactions plus que sur les actions des personnages. Produit et tourné dans les mêmes conditions que pour "This is my Moon" (autofinancement local, tournage en 17 jours à raison d’une trentaine de scènes chaque jour faisant généralement l’objet d’une prise unique, postsynchronisation et mixage en moins d’une semaine), "Flying with one Wing" bénéficie néanmoins de l’expérience précédente: cette fois-ci en effet, un distributeur local, Sanhinda Films, participe au financement aux côtés de Be-Positive. |
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Présenté en première mondiale lors de la 50e édition du Festival de Saint Sébastien en septembre 2002, le film a été sélectionné par plus d’une cinquantaine de festivals internationaux et est notamment primé à Saint Sébastien, Singapour, Turin, Tokyo. Entre-temps, le 24 juin 2002, une avant-première de "Flying with one Wing" a lieu à Colombo devant plus de 500 invités. Le film reçoit immédiatement de très nombreux soutiens. Quelques jours plus tard, la production est informée que la commission de censure exige la coupure de 7 scènes du film, ce à quoi Asoka Handagama s’oppose catégoriquement. A l’automne 2002, au terme d’ultimes négociations relayées par la presse et les festivals internationaux dans lesquels le film est sélectionné, il obtient finalement gain de cause : "Flying with one Wing" sort à Colombo et dans quelques autres villes de Sri Lanka, sans aucune coupure, le 26 février 2003. Il reste à l’affiche pendant plusieurs mois, totalisant plus de 450 000 entrées. Ce succès commercial s’accompagne de très violentes polémiques et attaques personnelles contre le cinéaste. "L’immoralité" du film – et du cinéaste – dénoncée par certains touche moins au thème de l’homosexualité qu’à l’hypocrisie et la violence sociales qui se trouvent ainsi démasquées. L’image – forte – d’une femme conquérant sa liberté en adoptant le comportement d’un homme, suscite la controverse, mais le cinéaste se voit surtout reprocher d’exploiter sa propre femme en l’exhibant nue dans la scène finale. "Flying with one Wing" sort en France le 4 février 2004 dans une petite combinaison de 3 salles (Paris, région parisienne et province), et bénéficie, outre le partenariat de France Culture, d’une excellente couverture presse (Le Monde, Libération, Les Cahiers du Cinéma, Positif, Télérama...) qui confirme la reconnaissance du talent du cinéaste et le franchissement d’une nouvelle étape dans la poursuite de sa carrière. Le film est par ailleurs diffusé sur Channel 4 (Grande Bretagne) à l’automne 2005. |
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Retour à la télévision : "Take this Road" et "The East is Calling" Une fois la production de "Flying with one Wing" achevée, Asoka Handagama renoue avec la télévision, et réalise "Take this Road", un feuilleton en 13 épisodes, d’une durée de 5h30. Empruntant à la fois au documentaire et au téléfilm dramatique dont est friand le public sri lankais, "Take this Road" exprime, à travers le destin croisé de trois familles originaires de la région de Jaffna (Nord de Sri Lanka) le douloureux retour à la paix et aux promesses de réconciliation entre les trois communautés déchirées par la guerre (Cinghalais, Tamouls et Musulmans). La diffusion de "Take this Road" en 2004, sur une chaîne privée sri lankaise, remporte un tel succès, qu’Asoka Handagama se voit proposer de réaliser une suite, également en 13 épisodes : ce sera "The East is Calling", tourné durant l’été 2005. Entre-temps, le 26 décembre 2004 précisément, le sud de Sri Lanka a été ravagé par le tsunami. "The East is Calling" s’attache à un groupe de survivants, qui se réfugie dans un temple bouddhiste, au milieu d’une communauté improvisée regroupant Cinghalais, Tamouls et Musulmans. Alors que l’entre-aide cède rapidement à la défiance, puis à la suspicion et la haine héritées de plus de 20 ans de guerre ethnique, le film plaide pour de nouvelles solidarités forgées par l’expérience du désastre. Le nouveau succès critique et public que remporte Asoka Handagama à l’occasion de la diffusion de son téléfilm, en 2006, illustre la situation étrangement paradoxale du cinéaste dans son pays : à la fois auteur largement reconnu, libre et respecté, mais aussi craint, menacé et combattu. L’épreuve "Aksharaya" ("Goodbye Mum") Le 26 décembre 2004, c’est aussi le dernier jour de tournage du 5e long métrage d’Asoka Handagama, intitulé "Aksharaya" (titre anglais à l’origine : "A Letter of Fire"). Le planning de la production prévoyait ce jour-là un tournage sur une plage de la côte sud (cette scène sera d’ailleurs supprimée au montage). C’est à une contrainte logistique, obligeant à avancer le tournage de la scène de quelques jours, que l’équipe doit d’avoir échappé au désastre. Le projet remonte à mars 2004, date à laquelle Asoka Handagama achève l’écriture du scénario. Un protocole d’accord est signé entre les producteurs locaux (Sanhinda Films, Be-Positive), un producteur suisse, et Héliotrope Films, en charge de la distribution internationale. Le projet fait immédiatement l’objet d’une demande d’aide à la production auprès du Fonds Sud. Sur avis favorable de la commission du 27 août 2004, une aide, d’un montant de 120 000 €, est confirmée en octobre. Toutefois, suite à des divergences d’approche avec le cinéaste, le partenaire suisse se désengage du projet, et c’est Héliotrope Films qui reprend la coproduction européenne, ainsi que la production exécutive du film en France. Depuis octobre 2004, date de signature de l’accord de production, Héliotrope Films détient 50% du négatif et tous les mandats internationaux (hors Sri Lanka). Toutefois, compte tenu du désengagement de la partie suisse, le budget de production est drastiquement revu à la baisse, notamment par le renoncement à la prise de son direct (le film sera entièrement postsynchronisé). Le tournage démarre le samedi 27 novembre 2004, avec la réalisation des séquences vidéo dans la zone hyper sécurisée du centre historique de Colombo, proche du palais présidentiel. Il se poursuit jusqu’au 26 décembre 2004, à Colombo et à Kalutara (sud de Sri Lanka). Une première phase de post- production démarre dans le climat traumatisant de l’après tsunami, à Singapour (où est développé le négatif) et Colombo (où le film est postsynchronisé, et un premier montage de 136 mn réalisé), puis à Paris pour le mixage et la postproduction 35 mm. La copie 1 de ce premier montage est livrée en juin 2005. Le négatif du film reste stocké à Paris. A L’automne 2005, une deuxième copie, sous-titrée en anglais, est tirée pour des projections aux festivals de San Sebastian et de Tokyo, avant d’être transférée à Colombo pour l’obtention du visa d’exploitation à Sri Lanka. Dans le même temps, l’équipe de production réfléchit à la réalisation d’un nouveau montage. Le 19 mars 2006 a lieu une avant-première à Colombo, sous le titre Aksharaya (A Letter of Fire), en clôture du Festival du Film Francophone, co-organisé par les ambassades de France, du Canada, de Roumanie, de Suisse et de Belgique. Peu de temps après, le film obtient son visa d’exploitation à Sri Lanka, délivré par l’autorité de tutelle (le "Public Performance Board"), avec la mention "Adults only". Mais après avoir visionné une copie vidéo du film(1) avec quelques autres responsables gouvernementaux, le ministre de la Culture sri lankais déclare à la presse qu’il s’oppose à la sortie du film, en dépit du visa accordé : « Peu importe les textes de lois. En tant que ministre, je dois vérifier si le film porte atteinte à notre culture et aux valeurs de notre société. Si j’ai tort, qu’ils portent l’affaire en justice. De toute façon, nous ne permettrons jamais à ce film d’être montré ici »(2) . Débute alors, en avril 2006, une longue campagne de presse où s’affrontent les partisans de la liberté d’expression et les tenants du conformisme moral et social, sur fond de conflit politique : le film est violemment attaqué pour avoir abordé frontalement des tabous sociaux, mais aussi pour avoir porté atteinte à l’image de la justice (le personnage de la mère incestueuse étant magistrat). Le 18 avril 2006, sous la pression, le "Public Performance Board" informe Asoka Handagama qu’il doit lui retirer le visa d’exploitation et récupérer la copie du film. Le 20 avril, le bureau de la Protection de la Femme et de l’Enfant (un organisme gouvernemental) porte plainte contre Asoka Handagama sur la base d’une dénonciation anonyme. Le cinéaste est poursuivi pour violence sexuelle exercée sur un enfant. Les plaignants, téléguidés par un juge d’instruction proche du ministère, appuient leurs allégations sur une scène du film, dans laquelle la mère et l’enfant prennent un bain ensemble. Du matériel est saisi, divers collaborateurs du film sont convoqués par la police : le jeune acteur accompagné de sa mère, l’actrice principale, le directeur de la photographie, le monteur, le maquilleur et les deux coproducteurs sri lankais. Leurs témoignages disculpent le cinéaste, les poursuites seront abandonnées au bout de quelques semaines, tandis que la polémique autour de la censure du film s’amplifie. L’affrontement politique qui s’enfle autour du film est rapporté par la presse étrangère, notamment en France (dépêche AFP du 28/04/06, Variety, Cahiers du Cinéma, Positif, Charlie Hebdo...) A Sri Lanka, une pétition en faveur du film est signée par nombre de cinéastes (dont le vétéran du cinéma sri lankais, Lester James Peries), d’artistes et d’intellectuels. Un site de soutien est mis en ligne (www.aletteroffire.info)(3). Asoka Handagama intente alors un procès auprès de la Cour Suprême, pour contester la légalité de la décision ministérielle. Il est l’objet de nombreuses attaques dans la presse et sur le web. Compte tenu de son indisponibilité et des menaces pesant sur le cinéaste, la réalisation du nouveau montage est reportée sine die. En juillet 2007, après de multiples reports d’audience d’un trimestre à l’autre, la Cour Suprême rend son jugement, qui enjoint le "Public Performance Board" de retirer le visa d’exploitation accordé en avril 2006. En concertation avec Asoka Handagama, Héliotrope Films, copropriétaire du matériel, notifie une fin de non recevoir préventive à toute demande de restitution du matériel préservé à Paris. En septembre 2007, le jugement de la Cour Suprême est exécutoire : le visa d’exploitation est retiré, et l’interdiction définitive du film est prononcée. Après une période de découragement, Asoka Handagama se concentre à nouveau sur le nouveau montage du film, sous le titre "Goodbye Mum" (titre retenu initialement en phase de pré- production). Le cinéaste donne son accord à Héliotrope Films pour que ce nouveau montage soit réalisé par une équipe française (Gilles Volta et Jérôme Bouyer), qui travaille sur le film à partir de février 2008. Il supervise et valide le nouveau montage lors d’un séjour à Paris, en juin. Après d’ultimes retouches en octobre 2008, cette version définitive, d’une durée de 1h30, est prête pour la deuxième phase de post-production. Mais faute de financement, cette phase est retardée. Ce n’est qu’à partir de 2010 que la post-production redémarre, pour une livraison prévue courant 2012. Entre-temps, Asoka Handagama se partage entre ses responsabilités à la Banque Centrale de Sri Lanka, et la préparation d’une comédie familiale destinée à tourner la page et reprendre contact avec le public. Ce film, intitulé "Vudhu", sort au Sri Lanka en décembre 2010, et remporte un grand succès public. Il obtient ainsi les moyens d’entreprendre un nouveau projet personnel, "Ini Avan", qui aborde le sujet extrêmement sensible du retour des anciens combattants des Tigres Tamouls, à la fin d’un conflit de plus d’un quart de siècle, qui aura causé la mort de près de 100.000 personnes. Note rédigée par Laurent Aléonard, distributeur du film "Ini Avan"
------------------------------------------- (1) On apprendra par la suite qu’il s’agit d’une vidéo pirate enregistrée lors de la projection de l’unique copie 35 mm sous-titrée en anglais au "Public Performance Board". Cette vidéo pirate a ensuite été mise en ligne sur le web. (2) Déclaration du ministre Mahinda Yapa Abeywardana au journal Rawaya, mars 2006. (3) Site aujourd’hui fermé.
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2e Rencontres du cinéma indépendant
FIF 85 ; La Roche-sur-Yon du cinéma indépendant
4 films inédits
soutenus par l'ACOR
Ces films ont été choisis
par le FIF 85 et l'ACOR
parmi des films proposés par le SDI
Composition du jury
Antoine Glémain, le Vox à Mayenne • ACOR
Emmanuel Burdeau • FIF 85
Rebecca Depas • FIF 85
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Samedi 20 octobre
2012
au théâtre
La Roche-sur-Yon
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11h00
en présence de Emmanuel Atlan, distributeur
l'Etudiant
de Darezhan Ormibaev
| Kazakhstan | 2012 | 1H30 |
| avec Nurlan Baitasov, Maya Serikbayeva, EdigeBolysbayev, Bakhytzhan Turdaliyeva | | distribution : Les Acacaias | sortie prévue : 1e semestre 2013 |
Ce film est inspiré du roman de Dostoïevski Crime et châtiment. L'action se dféroule au Kazakhstan de nos jours.
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en présence de Laurent Aléonard, distributeur
Ini Avan
d'Azija Handagama
| Sri Lanka | 2012 | 1h44 |
| avec Dharshen Dharmaraj, Subashini Blasubramaniyam,
Sranjani Shanmugaraja, Raja Ganeshan | | soutenu par l'ACID | | distribution : Heliotrope films | sortie prévue : 1e semestre 2013 |
Deux ans après la fin de la guerre au Sri Lanka, un ex-combattant tamoul retourne dans son village. Il y retrouve la femme qu’il a aimée, et entreprend de revenir à une existence normale. Mais les haines du passé ressurgissent.
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19h00
en présence de Marie Vachette, distributrice
Alps
de Giorgos Lanthimos
| Grèce | 2012 | 1h33 |
| avec Aggeliki Papoulia, Ariane Labed, Aris Servetalis |
| distribution : A3 distribution | sortie prévue : 27 mars 2013 |
Une société secrète appelée "Alps" propose de remplacer des personnes décédées par des comédiens.
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22h15
en présence de Jean-Pierre Gardelli, distributeur
Yossi
de Eytan Fox
| Israël | 2012 | 1h23 |
| avec Ohad Knoller, Lior Ashkenazi, Orly Silbersatz, Oz Zehavii |
| Un certain regard Cannes 2011 |
| distribution : Bodega | sortie prévue : 1e trimestre 2013 |
Yossi vit seul sa trentaine à Tel Aviv, assumant mal sa sexualité, trouvant dans son métier de cardiologue un échappatoire à ses déboires amoureux. Lors d’un voyage dans le sud du pays, il rencontre un groupe de jeunes militaires et, parmi eux, un jeune homme qui lui fait retrouver le goût de vivre.
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Après une première édition très encourageante, le festival international du film de La Roche-sur-Yon, le SDI et l’ACOR – Association des cinémas de l’ouest pour la recherche ont décidé de poursuivre en 2012 l’«aventure» des Rencontres du cinéma indépendant, avec la même ambition : faire découvrir des œuvres d’auteurs inédites, issues des lignes éditoriales des membres du Syndicat des distributeurs indépendants (SDI), qui ne bénéficient pas de la notoriété préalable des films art et essai médiatisés. Les tensions commerciales sont de plus en plus violentes sur le marché, au détriment des films les plus fragiles. L’accélération de la «rotation» des films programmés s’effectue au détriment de ces œuvres, qui ne disposent plus du temps nécessaire pour rencontrer leurs spectateurs, risquant de conduire à leur disparition. Or dans le secteur cinématographique, contrairement à la règle industrielle habituelle, la fonction «recherche et développement» n’est pas assurée par les groupes dominants. Le renouvellement de l’offre de films (accompagnement de nouveaux cinéastes, découverte des cinématographies peu diffusées, réédition des oeuvres du patrimoine cinématographique, ...) repose exclusivement sur les distributeurs indépendants, qui font office de «têtes chercheuses». Ils en avancent les «frais d’édition» (promotion et tirage des copies), assumant seuls les risques d’un éventuel échec. C’est une démarche souvent ingrate puisque, si un auteur ou une cinématographie sont reconnus, leurs films seront ensuite proposés à des sociétés disposant de moyens financiers supérieurs, sans que ceux qui les ont fait découvrir puissent rivaliser ni recueillir les bénéfices de ce succès ultérieur. Afin d’être reconnus et d’avoir une chance de déclencher le «bouche à oreille» favorable qui leur donnera accès à un nombre significatif d’écrans, ces films doivent pouvoir être vus par le maximum de programmateurs des salles, de journalistes et de spectateurs cinéphiles. Les festivals à la ligne éditoriale exigeante, comme celui de La Roche-sur-Yon, sont des plates-formes idéales. Un jury composé de Antoine Glémain – exploitant du Vox à Mayenne / salle ACOR –, de Yannick Reix, Emmanuel Burdeau et Rebecca De Pas – équipe du festival de La Roche sur Yon – a accepté de sélectionner quatre films de qualité venant d’horizons géographiques très divers : Alps de Yorgos Lanthimos (Grèce) (distribution : A3 Distribution) Ini Avan(Him, here after) de Asoka Handagama (Sri Lanka) (distribution : Heliotrope Films) L’Etudiant de Darezhan Omirbaev (Kazakhstan) (distribution : Acacias) Yossi de Eytan FOX (Israël) (distribution : Bodega Films).
Ils seront présentés au public du festival par leurs distributeurs, en présence de diverses personnalités du cinéma chaque fois que cela sera possible.
Vincent Paul Boncour et Etienne Ollagnier, présidents du SDI - Syndicat des distributeurs indépendants
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