A la folie
"Bien qu’il évolue en espace fermé et réarpenté cent fois, selon les complexes figures d’un dispositif limpide, tout entier tourné vers la figure de l’aliéné, le film pointe peu à peu l’horizon d’un ailleurs dont ils furent privés et qu’il ne leur reste qu’à délirer en vase clos."
瘋愛 A la folie | Hong-Kong, France, Japon | 2013 | 3h48 | distribution : Les Acacias | De janvier à avril 2013, Wang Bing a filmé le quotidien d’un hôpital psychiatrique de la province du Yunnan, au sud-ouest de la Chine. Enfermés là pour des raisons parfois fallacieuses – parce qu’ils représentaient un poids pour leur famille ou dérangeaient le gouvernement - les résidents y vivent jour après jour, sans espoir, sans perspective, dans un univers très dur où le lit et le sommeil représentent les derniers remparts contre les autres, contre l’extérieur. De l’étage des hommes auquel on lui a donné accès, Wang Bing, à travers les grilles, filme aussi la cour et les autres parties du bâtiment. Il enregistre le grand dénuement dans lequel se trouvent ces hommes et ces femmes, les échanges, les rituels de survie, la capacité de résistance mais aussi la misère et la déchéance de ces êtres, malades ou non (devenus malades avec le temps). |
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"Dans cette chronique de la vie d’un hôpital psychiatrique, ce sont cette fois les gestes et les manies propres à l’isolement, la promiscuité et les attentions entre les patients qui dessinent le modèle inouï d’une contre-vie loin du travail, désœuvrée et pourtant inlassablement à l’œuvre d’elle-même." (Emmanuel Burdeau, "Le génie de Wang Bing ? Filmer le travail de l’homme dans un monde sans travail", 29 avril 2014, ps95.fr)
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