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Inspiration

Figures de femmes indépendantes
dans le mélodrame

Notes rédigées par Antoine Glémain © ACOR 2013

Proposition
    Lettre d'une inconnue
    (Letter from an Woman Unknown)

    Max Ophüls, 1948
    Les Amants crucifiés
    (Chikamatsu monogatari)

    Kenji Mizoguchi, 1954
    Tout ce que le ciel permet
    (All that Heaven Allows)

    Douglas Sirk, 1955
    Le Mariage de Maria Braun
    (Die Ehe der Maria Braun)

    Rainer Werner Fassbinder, 1979
    Tout sur ma mère
    (Todo sobre mi madre)

    Pedro Almodóvar, 1999
    Loin du paradis
    (Far from Heaven)

    Todd Haynes, 2002

Ini Avan et d'autres films (tous les autres ?) d'Asoka Handagama relèvent du mélodrame :


“ Au 19e siècle, le mélodrame était un genre théâtral dramatique populaire, héritier du drame bourgeois et du théâtre de foire, caractérisé par l'emphase du style, l'exacerbation des émotions, le schématisme des ressorts dramatiques et l'invraisemblance des situations opposant des figures manichéennes. Les élans dramatiques étaient par ailleurs soulignés par des plages musicales et le paroxysme y était allègrement employé pour susciter l'émotion du spectateur.
Peu après sa naissance, le cinéma a repris ce genre théâtral pour produire des films constitués d'une série d'oscillations violentes entre les moments de bonheur et les moments de détresse présentés avec la menace constante que le pire finisse par triompher. Les personnages représentent plus des fonctions ou des idées opposées que des individus. Les Deux orphelines de David Ward Griffith est considéré comme le film qui opère le passage définitif du mélodrame du théâtre au cinéma. ”


Wikipedia, article “ Mélodrame (cinéma)


Plus précisément, Ini Avan, This is my Moon, Flying with One Wing... se situent dans un genre de mélodrame où des femmes maltraitées, bafouées, humiliées, luttent malgré tout pour affirmer leur indépendance. Le philosophe américain Stanley Cavell a développé la théorie de ce genre très particulier de mélodrame dans un ouvrage brillant, Contesting Tears, traduit il y a peu aux éditions Capricci sous le titre La protestation des larmes.


La protestation des larmes

La protestation des larmes
Ed. Capricci © 2013


“ Les femmes des mélodrames semblent dire à leurs sœurs de comédies (comme je l'ai affirmé ailleurs, elles sont sœurs en ce qu'elles descendent toutes des héroïnes de Shakespeare et Ibsen) : “Estime-toi heureuse d'avoir trouvé un homme avec lequel tu peux surmonter l'humiliation du mariage par le mariage lui-même. Avec nos talents, nos goûts, nous ne trouverons pas ici d'éducation plus profonde ou plus heureuse. Notre intégrité, notre métamorphose sont ailleurs. Nous devons abandonner l'idée de partager l'esprit, l'intelligence, l'estime exclusive.” Au sein du mélodrame, cet ailleurs dépend du monde des femmes. ”

Stanley Cavell
La protestation des larmes

Cavell se réfère dans son livre avec prédilection à quatre films classiques hollywoodiens :

    Stella Dallas
    de King Vidor,avec Barbara Stanwyck (1937)
    Une femme cherche son destin
    de Irving Rapper, avec Bette Davis, (1942)
    Hantise
    de George Cukor, avec Ingrid Bergman, (1944)
    Lettre d'une inconnue
    de Max Ophüls, avec Joan Fontaine, (1948).

Mais de nombreux autres titres dans la filmographie mondiale peuvent permettre de constituer un corpus du “ mélodrame de la femme inconnue ”.