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Inspiration


Cinéastes du Sri Lanka

Notes rédigées par Antoine Glémain © ACOR 2013


La sortie en France du film Ini Avan, celui qui revient d'Asoka Handagama représente une occasion de programmer les films d'autres réalisateurs du Sri Lanka.


Le cinéma est encore tout jeune au Sri Lanka, puisque le premier film qui y a été produit et diffusé, Kadawunu Poronduwa (La Promesse brisée) date seulement de 1947.

Comme dans beaucoup de pays, la plupart des films sont des produits de consommation locale, mais plusieurs auteurs srilankais ont émergé sur la scène internationale du cinéma.

En dehors de Asoka Handagama, il s'agit surtout de Lester James Peries et Vimukthi Jayasundara.

Lester James Peries

Né en 1919 à Colombo, formé en Grande-Bretagne, Lester James Peries est l'auteur d'une vingtaine de longs métrages, depuis Rekawa (La Ligne du destin) en 1956 jusqu'à Ammawarune (An Elegy For A Mother) en 2006.

Figure tutélaire du cinéma srilankais, il reste peu connu du grand public international, malgré le soutien passionné de connaisseurs comme Satyajit Ray ou Pierre Rissient et les honneurs accumulés partout dans le monde. Des rétrospectives lui ont été consacrées notamment par le Musée d'Art Moderne de New York en 1970, le Festival de La Rochelle en 1980, la Cinémathèque française en 1988, le Festival de Deauville en 2001. Son film Nidhanaya (Le Trésor) est classé au patrimoine mondial de l'UNESCO et cette institution lui a également décerné en 2003 la Fellini Gold Metal.

Il a vigoureusement pris la défense de son cadet, Asoka Handagama, lors des ennuis de ce dernier avec la censure srilankaise autour de Aksharaya.

Nidhanaya (Le Trésor) n'est malheureusement pas encore distribué en France, mais sa sortie prochaine en copie numérique est annoncée par la société Héliotrope Films. A suivre !
<em>Lester James Peries</em>

Lester James Peries
© Daily Mirror, décembre 2006



En attendant, le seul film facilement accessible de Lester James Peries est le magnifique Gamperaliya (Changement au village), présenté en copie restaurée au Festival de Cannes en 2008.

Changement au village

(Gamperaliya)

Sri Lanka, 1963, 1h48, 35 mm, VOSTF.
Réalisation : Lester James Peries
Scénario : Reggie Siriwardena
Photographie : William Blake
Musique : W.D. Amaradeva
Montage : Sumitra Gunawardena Peries
Interprètes : Henry Jayasena, Punya Heendeniya, Wickrama Bogoda
Distribution : Héliotrope Films

Amoureuse de Piyal l'instituteur, Nanda est contrainte par sa famille d'épouser Jinadasa, un riche héritier dont elle finit par se prendre d'affection. Mais le déclin de la petite bourgeoisie rurale est tel que Jinayasa doit bientôt quitter le village pour chercher du travail. Il disparaît. Entre-temps, après avoir fait fortune à Colombo, l'instituteur éconduit retourne au village, et épouse la jeune veuve. Mais le souvenir du premier mari vient hanter le couple.

Le scénario est adapté d'un roman de Martin Wickramasinghe.


“ Martin Wickramansinghe a été essentiellement influencé par Tchekhov, par ses nouvelles, ses romans. C'est très difficile de définir exactement ce qu'est Tchekhov : un poète écrivant des romans, une vision tragi-comiqueÊ; mais cela a eu une influence sur l'écrivain que j'ai adapté. Quand j'ai lu son roman, j'ai pensé que c'était le thème que je cherchais, et à partir du moment où je l'avais trouvé cela correspondait exactement à ce que je voulais faire dans le cinéma. Pour moi le plus important était le non dramatique, c'est là que se trouve vraiment le drame dans le cinéma. Les pauses, les silences, le mouvement des visages, les personnages qui s'arrêtent de parler, ou qui expriment autre chose que ce qu'ils disent, tout cela correspondait à mon univers, ma vision. La compassion, l'humanité que vous trouvez dans les œuvres de Tchekhov se développent dans le style, la vision, les sentiments. ”

(Lester James Peries : Entretien avec Michel Ciment et Hubert Niogret, Positif, septembre 2003)



<em>Changement au village</em>

Changement au village


“ Ce film de début de carrière (le troisième de son auteur) relate l'histoire de Nanda, une jeune fille issue d'une famille bourgeoise sri-lankaise, mariée à un homme qu'elle aime modérément, mais qui correspond aux attentes de sa famille. Son cœur appartient à Piyal, l'instituteur amoureux qui ne peut l'épouser car il est issu d'un rang social inférieur.Gamperaliya est un drame sans action d'éclat. Le malheur s'exprime par les regards et les mouvements des corps. Lester Peries se concentre sur les émotions cachées, les désirs secrets, sur tout ce qui ne se dit pas mais se ressent intensément. L'héroïne est dans un état d'attente perpétuelle : pendant de longues années, dans l'expectative du retour de son mari parti refaire fortune, la jeune femme s'effondre régulièrement. Le cinéaste s'attarde sur son corps étendu, son corps qui souffre de l'absence sur un lit vide où personne ne l'attend plus depuis longtemps. Les plans sont éloquents et l'émotion est intensifiée par le travail soigné de William Blake, le directeur de la photographie. La demeure familiale est magnifiée par la luminosité douce et naturelle, chaque élément du décor participant à témoigner de l'évolution de la vie de la famille.Gamperaliya détaille les ressorts de la vie cinghalaise dans les années 60 où la place de l'individu sur l'échelle sociale conditionne sa vie et ses rencontres mais pas toujours sa réussite personnelle. La fluidité scénaristique et la mise en scène simple mais parfaitement maitrisée (notamment l'impeccable direction d'acteur) rend cette œuvre remarquable. ”

Marine Bénézech–
www.avoir-alire.com

<em>Changement au village</em>

Changement au village


“ Lester James Peries déploie une mise en scène léchée et très moderne où la villa constitue le centre névralgique du film, un vaste espace totalement ouvert sur le monde extérieur. A l'image de la famille de Nanda, on la découvre opulente, riche et généreuse, elle finit pourtant par vieillir et tomber en décrépitude. La villa prend une véritable dimension insulaire : la nature qui s'étend à perte de vue autour d'elle devient un océan de verdure sur lequel des routes de navigation sont tracées, empruntées par des agriculteurs "aux pieds marins". On a l'impression que se télescopent le cinéma de Flaherty avec celui de Malick.

Lester James Peries capte avec minutie les échanges fugaces entre les personnages où les nuances des sentiments affleurent à l'image. Les gestes qui rythment le quotidien de Nanda deviennent presque des rituels profanes, lovés dans une nature radieuse et omniprésente.

C'est tout cela et encore plus que propose Lester James Peries avec Changement au village. ”

Gwenael Tison
www.dvdrama.com

“ C'est ici le monde rural qui est décrit, celui des riches oisifs qui gèrent leurs terres sur lesquelles d'autres travaillent. Dans la famille de Nanda, les hommes sont dehors (le père y gère ses affaires, le fils fait des études), les femmes (Nanda, sa sœur et leur mère) ne quittent pas la maison.

Impressionnante, cette dernière semble presque être un personnage à part entière : labyrinthique à l'intérieur, elle possède une vaste terrasse, soutenue par des piliers et qui donne sur un parc planté d'arbres à perte de vue.

Rendant compte de la richesse de la famille (par ses ornements, la qualité de son mobilier), elle est aussi le décor idéal pour filmer l'oisiveté, l'attente, l'ennui.

Autour de la maison, le monde vit : des travailleurs vont et viennent, apportent des lettres venues du dehors, le travail sur le son rend prégnante la présence d'êtres vivants (notamment d'animaux), hors champs.

Mais la terrasse où les femmes demeurent est une frontière qu'elles franchissent peu. ”

Marion Pasquier
www.critikat.com





<em>Changement au village</em>

Changement au village





Vimukthi Jayasundara

Né au Sri Lanka en 1977, Vimukthi Jayasundara a suivi les cours de l'Institut du Cinéma et de la Télévision en Inde, et, de retour au pays, a réalisé le court métrage documentaire Land of Silence, sur les victimes de la guerre civile au Sri Lanka.

Sur recommandation de Lester James Peries, il a été admis comme étudiant au Fresnoy, où il a réalisé le court métrage Vide pour l'amour, sélectionné au Festival de Cannes en 2003. Il a été étudiant au Fresnoy, puis résident à la Cinéfondation du Festival de Cannes en 2003.

Son premier long métrage de fiction, la Terre abandonnée, a obtenu en 2005 la Caméra d'or au Festival de Cannes des mains d'Abbas Kiarostami. Son second film, Entre deux mondes, a été sélectionné au Festival de Venise en 2009 et son troisième, Chatrak (Mushrooms), à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes en 2011.

<em>Jayasundara</em>

Vimukthi Jayasundara
© LKR, 2008



En attendant la sortie annoncée d'Entre deux mondes par la société Equation, les deux longs métrages accessibles de Vimukthi Jayasundara sont la Terre abandonnée et Chatrak.

Le court métrage Land of Silence, d'une grande intensité, mérite également une programmation (les droits sont chez Héliotrope Films).

La Terre abandonnée

(Sulanga Enu Pinisa)

France/Sri Lanka, 2006, 1h48, VOSTF, 35 mm.
Réalisation et scénario : Vimukthi Jayasundara
Photographie : Channa Deshapriya
Montage : Franck Desmoulins
Interprètes : Mahndra Perera, Kaushalya Fernando, Nilupili Jayawardena
Distribution : Tadrart Films

La vie de quelques personnes, sur une terre hésitant entre guerre et paix. Anura, soldat désabusé, semble délaisser sa femme Lata, qui s'offre à un autre combattant. Soma, la sœur d'Anura, vit avec le couple et leur fille Batti, et cherche désespérément l'amour, subissant le poids d'une terre aride qui ne laisse envisager aucun salut. Batti écoute un vieillard mystérieux lui raconter les légendes du pays. Autour d'eux, la vie quotidienne oscille entre monotonie et morosité, petites aventures misérables et bouffées d'humanité. Lieux étranges, expériences décousues, épreuves insupportables : y a-t-il encore place pour l'espoir ?

“ Ni guerre ni paix, juste le vent souffle.
Dieu est absent mais le soleil se lève encore
Sur une maison isolée entre deux arbres, en terre abandonnée.
Une main sort de l'eau et mendie de l'aide.
Une femme venue d'une légende cherche l'amour.
Un soldat tue un inconnu, la culpabilité le tenaille. ”




Le jeune réalisateur Vimukthi Jayasundara signe à vingt-sept ans une première fiction étonnante. Le film se situe dans un monde après une catastrophe (la guerre civile, jamais clairement désignée) qui a ravagé la terre et les âmes qui la peuplent. Il est construit en longs plans-séquences, bouleversés par l'irruption d'images et de dialogues souvent énigmatiques, par la présence latente des légendes ancestrales, par les embardées de la violence et du désir.

<em>Jayasundara</em>

la Terre abandonnée

“ Si La Terre abandonnée a quelque chose à voir avec l'histoire de mon pays, c'est surtout quand il exprime ce sentiment d'insécurité d'être à la fois sans guerre et sans paix, entre les deux. C'est cette atmosphère étrange que je voulais saisir. Le cinéma est pour moi un moyen idéal pour exprimer le stress mental que l'indécision et le vide distillent dans la vie des gens. Avec ce film, j'ai voulu examiner l'isolement émotionnel dans un monde où la guerre, la paix, Dieu, sont devenus des notions abstraites. ”

Vimukthi Jayasundarabr





“ Un film qui creuse les mythes et s'attache à la guerre. Qu'est-ce qu'une guerre sans mouvement, sans conflit, dans un temps suspendu ? L'attente vue par les femmes, entre désir et renoncement. L'attente vue par les hommes, entre violence et passivité. L'attente vue par l'absurde, dans un désert recouvert d'une forêt où les Tartares se font Tamouls. Chronique magnifique d'une terre abandonnée des hommes et surtout des dieux, le film de Vimukthi Jayasundara distille sa beauté rêche dans un lent poème hypnotique (...)

Il faut accepter de se laisser prendre par ces images magnifiques, de ne pas vouloir de suite les mettre dans des tiroirs, les ordonner pour en tirer un sens. Se laisser gagner par le flottement des personnages dans un espace paradoxal, ouvert aux quatre vents mais immobile, piégé par l'enfermement (...)

La force du film de Jayasundara tient à son flottement dans l'incertitude, à son effort surtout pour réconcilier abstraction formelle et sensualité des corps. Dans sa dernière partie, la narration se retourne pour être propulsée dans la fable. Un autre niveau de lecture s'ouvre alors (...)

Jayasundara conjugue dans ce premier film une beauté formelle classique ainsi qu'une écriture stylisée le plaçant résolument à part dans le jeune cinéma contemporain. Un film à la puissance d'évocation visuelle rare, très proche du poème dont il porte dans sa forme la marque cyclique du temps. Film d'abandon en hommage aux femmes, au cinéma des pères ainsi qu'à la poésie, en particulier l'œuvre phare de T.S Eliot, La Terre abandonnée ne se laisse pas quitter facilement. Un film rare et précieux qu'il faut longtemps laisser brûler en soi. ”

Stéphane Mas
www.peauneuve.net

Chatrak

(Mushrooms)

Inde/France, 2011, 1h30, VOSTF, 2K.
Réalisation et scénario : Vimukthi Jayasundara
Photographie : Channa Deshaprya
Montage : Julie Beziau
Interprètes : Paoli Dam, Sudipto Mukherjee, Tomas Lemarquis Distribution : Equation

Dans une forêt, à la limite d'une frontière, un jeune bengali et un soldat européen cherchent à s'apprivoiser. A Calcutta, Rahul, un architecte qui était parti faire carrière à Dubaï, démarre la supervision d'un immense chantier. Il renoue avec Paoli, son amie, qui a longtemps attendu son retour, seule, loin de sa famille. Les deux partent à la recherche du frère de Rahul dont on dit qu'il est devenu un fou, qu'il vit dans la forêt et dort dans les arbres...



<em>Jayasundara</em>

Chatrak

“ La parenthèse militaire liminaire de Chatrak annonce la couleur : son troisième long métrage est (encore) un film de guerre. Le cinéma du Sri-lankais n'a jamais cessé d'être travaillé par ce mal et quand bien même de la pellicule feule le désir, l'image que nous tend VJ est celle de rêves brisés. Brisés comme les blessés, les estropiés et les aveugles de The Land of Silence son premier court métrage (...)

Avec Chatrak (littéralement champignon) s'ouvre une autre guerre, plus moderne peut-être, plus décentralisée sans aucun doute car larvée et silencieuse. Dans ce film tourné en Inde, la guerre dont il s'agit n'est plus celle d'un pays, mais celle d'un homme, Rahul, dont la vie avortée est à l'image de ces immeubles en friche que l'on tire vers le haut au fin fond de la campagne.

Rahul part la recherche de son frère devenu fou suite à un accident de bateau et qui s'est mis à dormir dans les arbres. Il renoue avec Paoli (Paoli Dam), son amie, qui a longtemps attendu son retour, seule, loin de sa famille et qui aimerait avoir un enfant de lui. Il reçoit un jeune prodige âgé d'à peine sept ans qui lui présente un système informatique qu'il a lui-même inventé. Bref, des petits événements de la vie d'un cadre supérieur, que l'on envie, que l'on admire...

Or, dans il y a dans cette trajectoire tirant à l'autoportrait (l'architecte est un peu l'égal d'un cinéaste) comme un mauvais ferment. Un grain d'immobilisme touche l'équation vitale. L'enjeu d'une vie réussie serait de pouvoir articuler verticalité (succès et réussite) et horizontalité (amitiés, amours) ce que Rahul ne parvient pas à faire. Comme son frère, il sait monter aux arbres (et aux immeubles), mais ne parvient pas, terrible béance ?, à vivre parmi les hommes. ”

DJ Le blog de DJ

<em>Jayasundara</em>

Chatrak

“ "Le jeune homme est tombé du ciel. (...) Fuir la ville et son tumulte, revenir à la nature. (...) Se cacher au creux de l'arbre." Ces bribes du synopsis du deuxième film du Sri Lankais Vimukthi Jayasundara, Entre deux mondes, inédit en France, s'appliquent aussi à son troisième long métrage, Chatrak, tourné en Inde, en partie à Calcutta.

Il y est question de deux frères. L'un, architecte, qui construit des gratte-ciel, passe son temps à chercher l'autre, aphasique, qui se cache dans la jungle où il vit comme une bête sauvage. Hormis le prologue énigmatique, où un militaire islandais littéralement "tombé du ciel" passe des moments étranges dans la forêt avec le frère retourné à la nature, le propos du film est assez simple, opposant l'emprise tentaculaire du béton à la vie fruste dans les bois.

Au-delà de la fable écolo évidente, dont les personnages antagonistes sont le technocrate et le clochard, c'est avant tout par sa manière très délicate et enveloppante de filmer ces figures que le cinéaste sri lankais s'affirme, avec une grâce atmosphérique qui devient la lingua franca d'un certain cinéma asiatique, allant du Thaïlandais Weerasethakul au Singapourien Eric Khoo.

Car finalement, on ne s'attache pas trop à la dichotomie du sujet, exprimée de façon antidialectique. L'étrangeté des séquences où le jeune sauvage est ramené à la civilisation, prostré, est équivalente à celles de la recherche du fugitif au bord de la forêt par son frère, avec sa fiancée et une équipe qui l'accompagne en auto... l'attente muette des voyageurs, les recherches des enquêteurs distillent la même beauté inquiète et mélancolique que les soirées de l'architecte dans les carcasses d'immeubles qu'il construit. Bref, dans cette œuvre tremblante et belle, les équations et les thèses se catapultent dans un même geste. Le titre, Chatrak, ”champignon” en bengali, évoque aussi bien un des aliments de l'homme sauvage que les constructions sans racines de l'architecte. Le credo naïf de celui-ci à propos des méga-gratte-ciel qu'il admire est contredit par sa mélancolie et sa pesanteur... et contrebalancé par l'inquiétante animalité de son frère, allégorie de la nature incontrôlable dont on ne sait jamais ce qu'elle réserve.

Ainsi, Jayasundara parvient à la fois à illustrer proprement son sujet et à le transcender. Tout comme Weerasethakul auquel on l'a comparé plus haut, il sait instaurer un climat qui désarçonne autant qu'il happe.
Une œuvre quasi médiumnique, voire hallucinogène. ”

Vincent Ostria
Les Inrockuptibles, février 2012

<em>Jayasundara</em>

Chatrak